Au pied de la Cruz de Ferro
DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du Camino. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.
Pour ce parcours, voici le lien :
https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-rabanal-del-camino-a-el-acebo-par-le-camino-frances-117323087
Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore en Espagne de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouverez bientôt sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.
Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.
C’est à la Cruz de Ferro, à 1500 mètres d’altitude, que s’accomplit le premier acte rituel du pèlerinage. Au pied de cette croix, fichée au sommet d’une longue perche que le pèlerin dépose une pierre symbolisant ses péchés. Au Moyen-âge, on prétend que les pèlerins tournaient le dos au sanctuaire en faisant leur demande, un rituel qu’avaient aussi adopté les muletiers de ces siècles derniers lors du passage du col. Aujourd’hui, le rituel n’est connu que de rares pèlerins qui apportent dans leur sac une pierre depuis le départ ou la prennent à un autre endroit le long du chemin. Au Puy-en-Velay, par exemple, le prieur propose aux pèlerins de le faire et de la déposer ici comme témoignage de leur passage. D’autres laissent des phrases écrites sur les pierres rondes ou sur un papier qu’ils laissent attaché à un de leurs objets de voyage. Dès lors, cet endroit, comme le terminus du chemin à Fisterra, au bord de la mer, ont tendance à devenir plutôt des poubelles que des lieux d’offrandes. Les éboueurs des chemins contrôlent de temps à autre ces décharges communes.
De par sa position géographique, le mât servait sans doute aussi comme indicateur du chemin en hiver, lors de fortes chutes de neige. Une croix de fer forgé fut posée par Gaulcemo, abbé des hôpitaux de Foncebadón et Manjarín à la fin du Xème siècle, au profit des pèlerins. La croix originale est conservée au Musée de los Caminos de Astorga depuis 1976. Et heureusement, que l’on a conservé l’original, car souvent la réplique du col a subi des avanies, et on a même parfois emporté le mât.
Les deux autres actes rituels sont aujourd’hui abandonnés. Selon la tradition, à Triacastela, le pèlerin se chargeait aussi d’une pierre calcaire et devait la transporter jusqu’à Castañeda, où elle était transformée en chaux pour servir à la construction de la basilique de Compostelle. Le troisième rituel se déroulait à une dizaine de kilomètres de Santiago, à Lavacolla, où le pèlerin devait se purifier dans une rivière avant de se présenter devant St Jacques à Santiago. Ces lieux étaient cités dans le codex Calixtinus. Ainsi vont les mythes du pèlerinage. D’autres voient dans ce tas de cailloux un autel dédié aux offrandes au dieu Mercure ou à des divinités celtes. Mais, il est bien entendu que les pèlerins ont aussi grandement contribué à augmenter le volume du tas au cours des siècles. Maintenant, vous imagiez bien que si chaque pèlerin avait amené sa pierre, le tas serait bien plus haut et qu’il aurait fallu un téléphérique pour y monter. Ou alors, certains sont venus puiser dans le tas pour leurs constructions.
Dans le parcours du jour, vous marchez encore en Maragateria jusqu’au col de Foncebadón, quelque part dans les Montes de León. Puis, du col, vous basculez vers la Plaine du Bierzo, une assez large vallée qui s’engage entre les montagnes de León. Dans deux jours, après le Bierzo, vous aurez le loisir à nouveau d’escalader l’autre côté des montagnes de León pour passer au sommet d’un col à O’Cebreiro vers la Galice.

C’est encore aujourd’hui une étape magnifique, dans un paysage majestueux de montagnes. Certes, comme la veille vous n’allez pas escalader des pics vertigineux, mais par contre vous aurez le loisir de dévaler un incroyable pierrier dans une vallée profonde. Cette belle dégringolade vaut son pesant d’émotions fortes. Mais, il n’y a aucun danger, sauf pour vos articulations, déjà tant sollicitées. Vous allez vous en souvenir, c’est signé d’avance.
Difficulté du parcours : Les dénivelés (+423 mètres/-422 mètres) sont conséquents pour une étape assez courte. Si la montée au col ne pose pas de grandes difficultés avec des pentes raisonnables, la descente en fin d‘étape est délicate, très pénible. C’est depuis la Navarre le dénivelé le plus important du parcours.

Aujourd’hui les chemins ont très nettement la priorité. Il n’y a pas de route, sauf dans les villages. Le bonheur total, non ? Sauf, qu’en descente, ce ne sont pas vraiment des chemins, disons plutôt des pierriers :
- Goudron : 0.6 km
- Chemins : 19.4 km
Nous avons fait le parcours depuis León en automne, dans un temps assez clément, contrairement à la première partie du parcours, faites sur un sol détrempé, le plus souvent dans la boue collante.
Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.
Pour les “vrais dénivelés”, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.
Voici un exemple de ce que vous trouverez. Il suffit de prendre en compte la couleur pour comprendre ce qu’elle signifie. Les couleurs claires (bleu et vert) indiquent des pentes modestes de moins de 10%. Les couleurs vives (rouge et brun foncé) présentent des pentes abruptes, le brun dépassant 15%. Les pentes les plus sévères, supérieures à 20-25%, très rarement plus, sont marquées de noir.

Section 1 : En route pour les Montes del León.

Aperçu général des difficultés du parcours : pentes souvent à plus de 10% pour gagner Foncebadón.

Foncebadón est 5 kilomètres plus haut que Rabanal de Camino. Ici, nous sommes déjà au pied des montagnes de León. Le Camino quitte Rabanal au sommet du village. |
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Aujourd’hui, le temps est au beau fixe. |
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Le chemin monte en pente régulière au-dessus du village. |
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Le chemin pierreux va cahoter, dodeliner dans les buissons caractéristiques de toute cette région et les chênes perdus dans la nature. |
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Peu après, il traverse la route de montagne qui va vers Foncebadón, et commence à monter dans la nature sauvage. |
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La terre ici souvent vire à l’ocre. C’est une terre aride, sèche où alternent les herbes sèches et les touffes basses des genêts, des lavandes et des cyprès qui réussissent tant bien que mal au climat ensoleillé qui doit régner sur ces collines. L’humidité ne doit pas hanter ces lieux, et vous ne verrez sans doute jamais de mousse par ici, bien que poussent les fougères. |
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Mais, la colline reste tout de même un peu civilisée. En fait, il y a une place de pique-nique. Pour qui ? Vous ne verrez pas souvent des pèlerins déballer leur marchandise dans ces lieux. Il faut bien dire qu’ils passent rarement par ici aux heures de midi. |
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Il n’y a que des chênes qui s’agrippent à la colline et végètent sur cette terre ingrate. Plus haut, la pente passe à plus de15%. On s’accroche car, on voit passer la route du col au-dessus. |
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Encore un coup de reins, et c’est la route. Les cyclistes, eux, ne passent pas sur ce chemin. Ils continueront sagement sur la route. |
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Le chemin continue alors son ascension dans un espace qui s’apparente parfois à un pierrier. Souvent le pèlerin est un forçat cassant sa ration journalière de cailloux. Ici, c’est le domaine du calcaire, avec ses rudes paysages, avec peu d’arbres, si ce n’est des chênes ou des pins rabougris qui poussent de-ci de-là. En dessous, la route du col zigzague dans les pins et les cyprès sauvages. |
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Plus haut, le chemin se civilise à nouveau, passe dans une végétation plus abondante. Parfois, passent de vrais pèlerins avec de lourds sacs. Ceux-là deviennent de plus en plus une exception. On l’a déjà dit, le Chemin de Compostelle a une tendance à devenir de plus en plus un club Med où les marcheurs se chargent avec le minimum, faisant transporter leurs bagages. |
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Puis, le chemin fait une pause près d’une fontaine où coule l’eau claire… |
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… puis repart à nouveau sur la pente caillouteuse. |
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Peu après, le chemin se rapproche à nouveau de la route du col dans les chênes. |
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Puis, la pente augmente à nouveau. Alors, les bolides, chargés ou non, vous dépassent à coup sûr, c’est écrit d’avance. |
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Plus haut, le chemin rencontre des plaques de schistes lustrés, pour une courte durée. La nature est belle et sauvage par ici, sur ce flanc escarpé où courent les guirlandes de plantes sauvages. |
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Bientôt, on aperçoit au haut de la montagne des antennes de communication et la pente s’adoucit un peu… |
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…mais c’est pour repartir de plus belle un peu au-dessus. Sur ce chemin, la pente est continue mais jamais constante. |
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Section 2 : En route pour la Cruz de Ferro.

Aperçu général des difficultés du parcours :en montée constante, avec des pentes souvent plus raisonnables.

Plus haut encore, un petit coin de paradis un tapis de bruyères pourpres et de cyprès verts colonise les schistes et nous fait de l’œil. |
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Où que le regard porte dans la vallée, ce ne sont que des forêts qui remplissent l’espace.

Plus haut, la montée sévère touche à sa fin, et bientôt on a dans un proche horizon la route qui zigzague vers Foncebadón. |
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Il y a encore une place de pique-nique ici. Pour qui, on se le demande, le village est à deux pas. Le chemin se rapproche alors de la route, mais ne la suit pas. |
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Alors, encore une sévère et jolie rampe sur le chemin caillouteux… |
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…et le Camino débarque sous le village. Foncebadón est un tout petit village sur le versant du mont Irago. Foncebadón est le dernier village de la Maragatería. La première documentation du village remonte au Concile de Monte Irago au Xème siècle durant lequel l’évêque d’Astorga rassembla tous les abbés, prêtres et diacres du diocèse, pour résoudre le problème des vols et des meurtres constants commis sur la route du Camino. Sur cette montagne, des bandits rôdaient profitant du terrain accidenté et du mauvais temps habituel d’octobre à avril, avec beaucoup de brouillard épais et de neige. |
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À l’apogée du Camino au XIIe siècle, Foncebadón possédait son propre hôpital de pèlerins, son hospice et son église construits peu avant par l’ermite Guacelmo. L’église du XIème siècle devint plus tard une abbaye. Mais, elle fut dévastée pendant la Guerre d’Indépendance (1808-1814) et dut être reconstruite. À la fin du XIXème siècle, la construction de voies ferrées et de nouvelles routes dans la région entraîna le déclin du village. Dans les années 1960 et 1970, de nombreux habitants migrèrent à la recherche d’un emploi. Dans les années 1990, il n’y avait que 2 personnes, une mère et son fils, vivant parmi les ruines. Aujourd’hui, la plupart des maisons sont abandonnées, mais ce village semi-abandonné reprend vie avec le réveil du Camino. Comme pour les autres “pueblo-calle” de la région, la rue qui traverse la ville s’appelle Calle Real. |
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Vous n’allez certainement pas programmer vos prochaines vacances ici. Il vous faudra organiser vos loisirs, si, comme certains l’ont fait, ont pris pour le lendemain une longueur d’avance sur leurs camarades qui se sont arrêtés plus bas, à Rabanal del Camino. |
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De ce que construisit l’ermite Gaucelmo, qui consacra sa vie au soin des pèlerins, il n’e reste pas grand-chose, si ce n’est l’église de Santa María Magdalena délabrée en l’honneur du saint patron du village, qui requiert certaines améliorations.
En 1991, Foncebadón étant pratiquement inhabitée, l’évêque d’Astorga décida de retirer les cloches de l’église de Santa María Magdalena et de les transférer au Musée du Chemin d’Astorga. Au jour dit, les personnes chargées de la tâche arrivèrent au village. Ils furent accueillis par María, la vieille montagnarde qui, avec son fils, étaient les seuls habitants du village. Elle était perchée sur le toit près du beffroi et brandissait un bâton en criant qu’ils devaient quitter le village sans les cloches qui devaient rester là pour avertir les gens si un incendie était découvert dans le village ou pour guider les pèlerins dans le brouillard. Les hommes furent si surpris par l’attitude de María qu’ils repartirent sans elles.

Le chemin quitte le village derrière les ruines de l’église. Là-haut derrière les collines verdoyantes dansent les éoliennes plantées sur les crêtes des montagnes de León. |
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L’effort est moins pénible, quand on traverse d’aussi beaux paysages.

Voici ce qui reste du monastère de l’ermite. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est rempli d’émotion, tout de même. Lorsque Foncebadón dut être reconstruite après avoir été entièrement détruite pendant la guerre d’indépendance (1808-1814), elle fut légèrement déplacée vers l’est ; ainsi ce qui apparaît sont les restes d’un beffroi de la tour de l’ancienne église. |
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La nature est gracieuse et divine par ici, dans une lande où courent les genêts, la bruyère et les cyprès sauvages, le long des murets de pierre. |
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Plus haut, la pente se fait plus exigeante dans la lande, et les cailloux roulent parfois sous les semelles. |
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Aujourd’hui, les éoliennes ne bourdonneront pas dans vos oreilles. Elles se balanceront au loin. Mais toutes les montagnes ici en sont couvertes. |
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Plus haut, la pente se fait nettement plus douce et on voit poindre les forêts de pins. |
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Peu après, le chemin croise la route du col, qui traverse la Maragateria, cette route que vous connaissez bien depuis Astorga. |
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Nous sommes maintenant à 236 kilomètres de Santiago, et le chemin monte au-dessus de la route dans les schistes cassants et lustrés. |
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Le chemin se promène alors avec délice au-dessus de la route. |
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Les herbes hautes et les pins vous accompagnent comme pour aller en procession vers la Cruz de Ferro. |
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Bientôt, elle apparaît devant vous, haute et simple au bout du chemin. L’emblématique Cruz de Ferro se dresse au sommet d’un monticule de galets qui pourrait être d’origine celtique, car à cette époque, il était de coutume de construire des buttes de pierre aux points les plus élevés, stratégiques et symboliques d’une route. Certains disent que c’était là que les Celtes auraient élevé un autel au dieu romain Mercure. D’autres pensent que son origine pourrait être due aux jalons qui marquaient les limites territoriales à l’époque romaine. Quelle que soit sa véritable origine, cette coutume aurait été christianisée par l’ermite Guacelmo, fondateur de l’abbaye de Foncebadón, lorsqu’il plaça une croix au sommet du monticule à la fin du XIème siècle. |
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Il faut attendre parfois de longues minutes pour pouvoir la fixer sur la pellicule, seule, intègre, car une armée de pèlerins passe le temps à venir se faire photographier, comme cloués au poteau de la croix pour l’éternité. Quelle dérision !
Nous sommes restés ici presque une demi-heure pour faire notre petite statistique. Aucun pèlerin n’a déposé de caillou aujourd’hui. Il faut dire que sur le Chemin de Compostelle espagnol, le trois-quarts des pèlerins se déplace avec un petit sac, et il n’y a donc guère de place pour y glisser un caillou. Malgré tout, ce tas informe est d’un charme indéniable, plein de signification et de mystère. Don Quichotte et Sancho Pansa y montent la garde. |
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Dans les années 1980, une chapelle dédiée à St Jacques et une fontaine ont été construites à proximité. C’est souvent là que les pèlerins laissent leurs messages écrits, quand ils en ont. Ici, nous sommes au col de Foncebadón, appelé aussi Puerto Irago, à 1’504 mètres d’altitude, le point le plus élevé du Camino francés, encore plus haut que le col de Lepoeder, sur la route de Roncevaux, qui n’est qu’à 1’410 mètres d’altitude.
Le col sépare la Maragatería du Bierzo. Il est dominé par le Monte Teleno, la plus haute montagne des Montes de León, à 2’188 m. C’était la montagne sacrée des tribus asturiennes qui habitaient ces terres avant la conquête romaine. Le Monte Teleno est une montagne à profil doux, avec des collines arrondies et des landes au sommet. Le sommet est au centre de la Sierra del Teleno, qui s’étend du nord-ouest au sud-est, servant de frontière naturelle entre les régions de La Cabrera, de la Maragatería et du Bierzo. On dit que des centaines de muletiers et de pèlerins ont été tués par des brigands, attaqués par des loups, ou perdus au milieu d’un blizzard, sur le Monte Teleno. Aujourd’hui, tout est sécure par ici. |
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Depuis le col, le Camino descend en pente douce à côté de la route. |
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C’est un chemin de terre battue, parfois assez pierreux, le long de rangées de pins serrés avec ci et là un sorbier qui fait tache. |
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Section 3 : De magnifiques ondulations dans la nature sauvage.

Aperçu général des difficultés du parcours : avec des pentes souvent un peu plus prononcées.

Le chemin suit assez longtemps la route en pente douce. La circulation est dérisoire sur l’axe. |
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La route est balisée avec des piquets pour l’hiver. La neige doit être abondante ici. |
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Plus bas, après une croix de bois, le chemin s’enfile sous la route dans le sous-bois. Ici poussent des sorbiers, des chênes, des érables et aussi quelques peupliers. |
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Peu après, le chemin dodeline un peu plus, remonte de manière plus sévère vers la route. |
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Il reste cependant du même côté de la route, et amorce une descente légère vers Manjarín. |
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A l’horizon, sur les collines, les éoliennes se dressent comme des mâts de navires. Qui ose prétendre que les éoliennes enlaidissent les paysages ? En Espagne, quand elles jouent avec le vent au loin, elles sont très élégantes. Mais, il vaut mieux les observer de loin. Là, elles ne dérangent personne, si ce n’est les oiseaux.

Juste en dessous, c’est Manjarín, un hameau à l’état d’abandon, mais qui maintient une activité locale dans un adorable bric-à-brac tenu par Tomás, un des personnages célèbres du chemin.
Il y avait des mines ici à l’époque romaine. Le village avait été fondé au IXème siècle. Au XIème siècle, il se développa grâce au moine Guacelmo, qui construisit une auberge pour les pèlerins. Un hôpital de pèlerins dirigé par les Templiers existait ici dès le XIIème siècle. Le village a été complètement abandonné au début du XIXème siècle. Avec le déclin du Camino de Santiago et l’arrivée du chemin de fer et de l’industrie, les gens ont commencé à se déplacer vers les villes. Il était inhabité de la fin des années 1970 jusqu’à l’arrivée en 1993 de Tomás , un ermite madrilène. Aujourd’hui, lui et un assistant sont les seuls villageois. C’est un chevalier hospitalero moderne qui exploite l’“albergue” dans une maison abandonnée qu’il a rénovée. Il se déguise parfois en chevalier templier pour ses visiteurs. À l’extérieur de l’“albergue”, des planches de bois indiquent les distances par rapport à divers endroits du monde.Il ne reste que 3 ou 4 maisons debout. Tout le reste est en ruines. |
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Sept kilomètres séparent Manjarín de El Acebo, un itinéraire qui continue au début le long de la route. Il y a un peu de terre battue sur le côté. Mais, la circulation est discrète sur le col. |
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Plus loin, le chemin s’en va sous la route. Devant vous apparaissent à l’horizon sur la colline les antennes d’une installation militaire. |
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Devant vous s’ouvre une vaste lande, une étendue d’herbes hautes et de graminées, un paysage de végétation maigre, ponctué de buissons épars et d’herbes échevelées. On voit que le sentier prend l’air d’un serpent qui ondule au loin. |
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Peu après, une fontaine distille son eau fraîche dans une végétation plus abondante.

Puis, la lande renaît, sur un relief un peu plus ondulé, toujours plus sauvage, dans les buis, les cyprès sauvages et les lavandes brulées par le soleil. Là-haut, les antennes se rapprochent. |
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Plus loin, la pente devient plus soutenue, dans les bruyères, quand le chemin atteint la forêt parfois plus compacte. |
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Le chemin traverse alors un espace où les chênes verts trapus ont pris le pouvoir. |
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Maintenant, les antennes grossissent à vue d’œil. |
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En dessous, les collines se perdent les unes derrière les autres dans la sauvagerie. Personne ne doit y mettre les pieds.

Plus haut, le chemin croise la route du col, passe de l’autre côté. À 232 kilomètres de Santiago. |
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C’est alors une belle balade sous les augustes pins au-dessus de la route. |
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Mais, n’imaginez pas qu’on va vous laisser vous balader sans effort. Bientôt, le chemin va monter sur le sentier caillouteux pour aller dire bonjour à l’antenne. |
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Bien, vous avez vu l’antenne. Alors, le chemin va redescendre au niveau de la route du col. Ici, c’est le Punto Alto (1’515 m), quelques mètres plus haut que le Puerto Irago. Mais, vous êtes même monté plus haut que le col. Pourtant, il n’y a aucune raison de déclarer le Chemin de Compostelle comme un chemin de haute altitude ! |
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Ici, vous croisez une route qui monte à l’antenne. C’est un terrain militaire. Avec des antennes de transmission. |
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Section 4 : Une terrible descente sur El Acebo.

Aperçu général des difficultés du parcours : sans problème au départ, puis du grand sport.

Depuis les antennes, un beau chemin s’en va musarder dans la lande, les bruyères et les cyprès au-dessus de la route. |
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Dans ces paysages, le mot grand prend tout son sens. |
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C’est un moment magique, une œuvre quasi parfaite que seule la nature sait faire. |
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On ne saurait se lasser d’un paysage qu’on dirait sorti tout droit d’une peinture. |
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Le chemin monte encore un peu plus haut dans la verdure… |
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… avant de s’adoucir sur le flanc de la crête. Là-bas, les éoliennes vous font de l’œil. |
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A partir de là, tout bascule. Le paysage devient aussi beau que torturé. Finies, les rigolades. Cela va descendre de plus en plus sérieusement. On fait alors une première connaissance avec le pierrier qu’est le chemin, qui descend pour rejoindre la route du col. Le pierrier, c’est des schistes et de gros cailloux calcaires. C’est un matériau souvent morainique. Les glaciers ont dû passer par là jadis. |
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Puis, le chemin dégringole longuement dans le pierrier. Les schistes cassants et lustrés gémissent sous vos pas. Et vous aussi. La marche devient alors pénible et peu sûre. A chaque pas, le risque de trébucher augmente. Certes, ce n’est pas l’enfer mais cela lui ressemble un peu. Pourtant, les muletiers de jadis devaient sans doute passer aussi par ici. |
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Alors, un petit conseil ici. Vous voyez la route en dessous. Et pour écourter le supplice, vous pouvez tout aussi bien quitter le pierrier et descendre un bout sur la route. Du moins jusqu’au premier virage. Par la suite, revenez sur le chemin, car vous ne savez jamais où peut vous mener la route. |
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Plus bas, vous allez goûter d’une pause méritée. Le chemin se traîne sur la crête. Ici, un pèlerin a dû se dire qu’il était plus confortable d’avancer pieds nus. |
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Et la pause se prolonge assez longtemps sur le bord de crête, dans la végétation fruste. |
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En dessous, sur la route, vous ne voyez pas de véhicules, mais les cyclistes du Chemin de Compostelle qui foncent, le nez dans le guidon. |
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Puis, tout va à nouveau s’accélérer. Vous voyez alors en dessous Ponferrada à l’horizon, dans la plaine du Bierzo. |
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Ici, pour le plaisir la pente va dépasser allègrement les 30%, et les cailloux n’ont pas disparu. La végétation est si fruste qu’on voit même des ajoncs. On pourrait se croire sur les falaises bretonnes. |
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Puis, vous entendez les cailloux gémir derrière vous. Le bruit sourd se rapproche. Un cycliste dévale le pierrier. Celui-là n’aura pas de chance. Quelques mètres plus bas, il sera éjecté de sa machine. Mais, cela ne l’empêchera nullement de poursuivre son dur labeur. |
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Plus bas, c’est l’accalmie, et le chemin se rapproche à nouveau de la route… |
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…pour mieux repartir dans la descente. En bas, la vallée s’ouvre de plus en plus. A l’horizon, ce sont encore les montagnes de León qui se dressent derrière la plaine du Bierzo. |
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Plus bas encore, le chemin traverse la route. On annonce une auberge, à 1200 mètres. Le nirvana, quoi ! |
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Et on voit le chemin se calmer sur la crête. On est sorti du toboggan infernal qui nous avale, non ? |
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Mais, ne vous réjouissez pas trop vite, car devant vous la pente s’accroit à nouveau. Il y a un petit avantage ici. Vous pouvez préférer la terre battue aux cailloux. |
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Plus bas, c’est le bonheur, car les ardoises noires des toits de El Acebo apparaissent. Mais, pour y aller, ce n’est pas un chemin couvert de roses. Cela se pratique sur une pente qui dépasse parfois les 30%. |
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Plus bas, c’est un chemin pentu, mais plus raisonnable, qui vous mène au village. |
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Ici, vous aurez le temps de soigner vos bobos, vos cloques, vos entorses et vos tendinites. Mais, songez tout de même à réserver si vous voulez passer la nuit ici, dans ce petit paradis. El Acebo, qui signifie houx, est encore un “pueblo-calle” avec une rue principale, encore nommée Calle Real. La route est canalisée, ce qui doit indiquer des pluies très fréquentes dans ce village en pente. |
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El Acebo est un magnifique village. Cela ressemble à un village de montagne, comme on en rencontre dans les Alpes d’Italie ou de Suisse, avec de rutilants toits d’ardoise noire et des bacons de bois. Ici, c’en est fini des pauvres maisons en pisé et en briques de la Castille. Cela respire la pierre, le solide, pour résister au climat de l’hiver. Comme dans les villages précédents, El Acebo avait autrefois de nombreuses maisons en ruines. Cependant, ces dernières années, à mesure que le tourisme et la popularité du Camino ont augmenté, cela a rapporté de l’argent et les gens sont revenus vivre ici. |
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L’église paroissiale romane de San Miguel, du XIIème siècle, est située à l’extrémité du village. Même l’église mérite une visite, car elle est ouverte. |
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Logements




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Etape suivante : Etape 6: De El Acebo à Ponferrada |
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