Villafranca del Bierzo, la porte de la Galice
DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du Camino. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.
Pour ce parcours, voici le lien :
https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-ponferrada-a-villafranca-del-bierzo-par-le-camino-frances-43293328
Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore en Espagne de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouverez bientôt sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.
Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.
Sur le parcours, vous passerez à Cacabelos. Cette petite ville a eu jadis une position prépondérante dans les premiers temps historiques du Bierzo. La plus ancienne trace de la colonie de Cacabelos remonte au paléolithique, mais les traces les plus sérieuses sont associées à la culture celtique, avant l’arrivée des Romains dans le Bierzo. Il y avait ici des castros, à savoir des forts, dont le Castro Ventosa, avec des vestiges encore visibles sur une colline au sud-ouest de Cacabelos. Mais, les vestiges archéologiques les plus abondants sont d’époque romaine. Les guerres romaines contre les Asturiens et les Galiciens s’achevèrent par la prise du Castro Ventosa, dont on pense qu’il était le site de la cité celtique nommée Bergidum, considéré comme le lieu de naissance du Bierzo. Plus tard, les Romains s’établirent sur le site actuel de Cacabelos, que les Romains appelaient Bergida ou Bergidum Flavium. Il s’agissait d’une importante cité romaine qui devint le centre administratif des nombreux gisements d’or que les Romains exploitaient à Astorga et dans le Bierzo. On situe cette cité à la hauteur du cimetière actuel de Cacabelos.
Avec la disparition de l’Empire romain, au Vème siècle, les Suèves (Souabes), prirent le pays. Plus tard, au VIème siècle, le territoire fut annexé par les Wisigoths, qui établirent une colonie wisigothique sur le site de Bergida. Le site ne disparut pas avec l’invasion musulmane au début du VIIIème siècle, bien que son nom disparût. Dès lors, on appela le site Ventosa, un nom qui survécut au IXème siècle et au début du Xème siècle, continuant à servir de capitale du Bierzo jusqu’à son dépeuplement total et la destruction de ses murs au XIIIème siècle. Plus tard, Cacabelos rentra dans l’anonymat par rapport à Molinaseca et Villafranca del Bierzo.
Votre traversée du Bierzo s’achèvera à Villafranco del Bierzo. Bien qu’il existe des preuves archéologiques d’une colonie qui était déjà importante à l’époque préromaine et romaine, Villafranca del Bierzo aurait été fondée par des moines français de l’ordre de Cluny au début du XIème siècle. Ils construisirent ici un monastère appelé el Monasterio de Santa María de Cluniaco, afin de répondre aux besoins des nombreux pèlerins qui passaient par là. Cet endroit était l’antichambre de l’étroite vallée du Río Valcarce qui vous emmène en Galice. Les moines français et les pèlerins français qui restèrent ici donnèrent au village le nom de Villa francorum (ville des Français), qui céda la place à la version espagnole Villafranca. Pendant plusieurs siècles, il y eut deux magistrats dans la ville : un pour les Francs et un pour le reste de la ville.

La traversée du Bierzo n’est pas à vrai dire enthousiasmante. Il y a beaucoup de route entre les bourgs qui se suivent. Par bonheur, c’est aussi une région viticole et fruitière. Le vignoble s’est bien développé après les crises dues au phylloxéra. Vous allez donc trouver sur le parcours de nombreuses bodegas et une coopérative viticole.
Difficulté du parcours : Les dénivelés (+235 mètres/-224 mètres) sont très doux aujourd’hui. C’est beaucoup de trajet dans la plaine, avec parfois de douces collines en fin d’étape.

Aujourd’hui, c’est une rare étape du Camino francès où vous passerez beaucoup de temps sur le goudron. Depuis León, de très nombreux passages sur les routes peuvent se pratiquer sur une bande de terre, plus ou moins large le long de la route, mais ici, c’est plutôt la route :
- Goudron : 16.9 km
- Chemins : 7.1 km
Nous avons fait le parcours depuis León en automne, dans un temps assez clément, contrairement à la première partie du parcours, faite sur un sol détrempé, le plus souvent dans la boue collante.
Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.
Pour les “vrais dénivelés”, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.
Voici un exemple de ce que vous trouverez. Il suffit de prendre en compte la couleur pour comprendre ce qu’elle signifie. Les couleurs claires (bleu et vert) indiquent des pentes modestes de moins de 10%. Les couleurs vives (rouge et brun foncé) présentent des pentes abruptes, le brun dépassant 15%. Les pentes les plus sévères, supérieures à 20-25%, très rarement plus, sont marquées de noir.

Section 1 : La sortie de Ponferrada.

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans grande difficulté.

Le Camino descend du Casco antiguo de Ponferrada vers le bas de la ville par des ruelles étroites et des escaliers. C’est l’architecture typique de la vieille ville, avec des maisons crépies à la chaux, très colorées, avec aussi des galeries. |
 |
 |
Plus bas, il trouve le Rio Sil, la belle rivière qui descend de la montagne. |
 |
 |
Ici, vous voyez encore la forteresse au-dessus du ravin qu’a creusé la rivière.

Le Camino descend vers la rivière, traverse un beau parc planté de marronniers sur les Huertas del Sacramento. |
 |
 |
Sur le parcours, il passe près de la bibliothèque municipale, près d’un pont sur la rivière et continue dans le parc, longeant toujours la rivière. |
 |
 |
Plus loin, après avoir longé des terrains de football, il passe sous l’arche du Pont du Centenaire, un des axes d’entrée des routes dans la ville. |
 |
 |
C’est près du pont que se trouve le Musée de l’Énergie, qui présente des panneaux didactiques et de belles statues dans le jardin. |
 |
 |
Devant vous se dresse alors une sorte de terril où le chemin grimpe sèchement mais brièvement. Ponferrada a longtemps été une ville minière, une industrie qui s’est effondré à la fin du siècle passé. |
 |
 |
De là-haut, vous avez une vue plongeante sur une partie de la ville et sur le Rio Sil.

On trouve des friches industrielles dans la région. Le Camino suit alors sur le trottoir une route qui se dirige vers Compostilla sous les platanes. |
 |
 |
Plus loin, il pénètre sous le porche d’un immeuble appartenant à une grande société locale, la société ENDESA, qui s’intéresse à l’énergie. Tout le quartier que nous traversons appartient à cette société, dans des rues quadrillées. Est-ce que l’église leur appartient aussi ?… |
 |
 |
…car derrière le porche apparaît l’église de Santa Maria de Compostilla. Cette église de style néo-roman date de la seconde partie du siècle passé.

Quoi qu’il en soit, c’est un parc fort bien arborisé, un véritable havre de paix. |
 |
 |
Plus loin, la route longe un terrain de football, traverse l‘agglomération, qui ressemble à un assemblage de petits immeubles locatifs et de maisons individuelles. Personne ne nous dira où se sont arrêtés les investissements de ENDESA à Compostilla. |
 |
 |
Peu après, la route prend la direction de la campagne. |
 |
 |
Chemin faisant, elle passe sous la grande route nationale de la région, la N-6. |
 |
 |
Plus loin, elle se rapproche de Columbrianos. |
 |
 |
Section 2 : D’un bourg à l’autre.

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans grande difficulté.

La route traverse alors les prés et les vignes… |
 |
 |
…pour arriver en périphérie de Columbrianos. Ici, on vous offre même du raisin. |
 |
 |
Avant d’atteindre le centre du bourg, vous trouverez l’église de San Esteban, qui date de la fin du XVIIIème siècle, avec sa tour-beffroi reconstruite le siècle dernier, ayant été effondrée par la foudre. |
 |
 |
Plus loin, la route gagne le bourg, croise une route très passante et traverse le bourg. Vous aurez souvent le sentiment que ces agglomérations sont mortes, à certaines parties de la journée. Columbrianos, c’est tout de même 1’400 habitants, mais c’est un bourg très étendu. Jadis, la cité allait même jusqu’à l’actuelle Ponferrada, C’était le plus ancien bourg de la région, existant bien avant que la ville de Ponferrada trouve son statut actuel grâce au Camino de Santiago. Il y avait un hôpital pour pèlerins ici. |
 |
 |
Ici, on trouve l’ermitage San Blas y Roque, dont on ignore ce qui se trouve à l‘intérieur, la chapelle étant fermée. Sur le mur, un artiste local a réalisé une fresque naïve en hommage aux pèlerins qui traversent le pays. |
 |
 |
La route sort du bourg, mais on a le sentiment qu’il n’y a pas de vraie sortie, car tout au long de la route se dispersent les maisons individuelles. |
 |
 |
Ici, c’est un pays agricole et d’élevage, avec des produits horticoles et fruitiers, ainsi que des pâturages pour le bétail. Le vignoble est aussi parfois présent. Bien évidemment, à cause du développement urbain des alentours, la paysannerie a un peu fondu. |
 |
 |
Dans un paysage où rien ne se passe ou si peu, la route défile, sans grand intérêt. Et il faut marcher sur le goudron ici, car il n’y a pas de bas-côté de terre battue. |
 |
 |
Rarement, on peut jeter un œil sur le bétail assez rare ici ou alors sur un pèlerin cycliste qui avance plus vite que vous sur la route. |
 |
 |
Plus loin, le nombre de maisons augmente au bord de la route, car on va arriver à un nouveau bourg. |
 |
 |
A l’entrée de Fuentesnuevas se dresse un beau cruceiro de granite. Le bourg qui compte 2’700 habitants, est d’origine médiévale, et comme toutes les localités de la région doit son essor actuel aux pèlerins. Ici, ils sont nombreux, attablés à prendre le petit déjeuner. |
 |
 |
Au début du bourg, vous trouverez l’Ermitage del Divino Cristo, appelé jadis l’Ermitage de la Vera Cruz. Jadis, l’ermitage du XVème siècle était fait de terre battue pilée et de pierre, le tout garni de mortier de chaux, couronné d’un petit clocher en pierre. On reconstruisit l’ermitage en pierre au XVIIème siècle, en lui conservant le clocher. Par la fenêtre, on peut voir que l’autel est simple, mais baroque. |
 |
 |
La route traverse un assez beau bourg, avec des maisons à colombages, rappelant parfois le village de El Acebo, avec parfois des maisons de pierre, avec balcons ou portes voutées, perdues au milieu de constructions plus simples. Le monument principal reste l’église paroissiale, affublée de plusieurs noms, Iglesia de Santa María, Iglesia de la Asunción ou encore Iglesia de Nuestra Señora. C’est tout ce qu’on dira de cette église, fermée à notre passage. Bientôt, il faudra avoir un laisser-passer ou un horaire pour visiter les églises. Et pour se faire tamponner le “credencial”, par essence chrétien, il faudra aller au bar ou à l’auberge. |
 |
 |
Peu après, la route repart à l’extrémité du bourg. |
 |
 |
On prétend ici que l’élevage bovin est en augmentation. Heureusement que ces vaches brunes, dont nous ignorons la race, sont là pour le prouver, car nous n’en avons pas rencontrées de nombreuses. |
 |
 |
Et le plaisir dure, apparemment pour une éternité, sur cette route monotone. A l’horizon se détachent les montagnes de León, que vous franchirez demain, au bout de la plaine du Bierzo. |
 |
 |
Section 3 : Dans la campagne du Bierzo.

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans grande difficulté.

Et la route défile ainsi, avec parfois des îlots de peupliers noirs, dans les maïs et les cultures horticoles. On voit de nombreuses serres de fleurs loin de la route. La région s’est spécialisée dans la culture de la laitue et du piment. Les piments sont cultivés ici depuis le XVIIème siècle. Les “pimientos asados del Bierzo”, les poivrons rôtis, sont devenus l’un des symboles du Bierzo. Vous les mangerez dans toutes les auberges de la région. |
 |
 |
La route arrive alors à Camponaraya, une petite ville de 4’200 habitants. Ici, le Camino traverse une rue toute en longueur, sans fin. L’architecture ressemble plus à celle d’une petite ville qu’à celle d’un village de la région. |
 |
 |
L’actuelle Camponaraya est née comme une seule localité au XVème siècle. Jadis, les localités de Campo, située du côté de Cacabelos, et Naraya, du côté de Fentesnuevas étaient séparées par le ruisseau Naraya. Au Moyen-Âge, la cité possédait deux hôpitaux de pèlerins. La particularité de ces régions est qu’on y parle souvent un patois galicien, mais la langue commune est l’espagnol, avec des accents galiciens. Jadis, la région était sous le contrôle de la Galice, avant que les rois catholiques n’y imposent l’administration centrale castillane au XVème siècle. Vous voyez bien comment il est difficile de se détacher de vieilles coutumes. |
 |
 |
L’église paroissiale est dédiée à San Idelfonso. De construction récente, elle est faite de briques rouges, avec un haut clocher.

Plus loin, près du pont sur la rivière Naraya se dresse une curieuse tour en briques, construite au siècle dernier, qui abrite une horloge. |
 |
 |
La traversée de la ville est longue, avec de nombreuses haltes possibles pour les pèlerins. |
 |
 |
Plus loin, la route passe devant l’ermitage de la Virgen de la Soledad, une chapelle gardée par deux tours. C’est en septembre, que le bourg organise une procession pour fêter la Virgen de La Soledad, une occasion de grandes réjouissances locales. |
 |
 |
A la sortie de la ville, le parcours va enfin changer. Dès le rond-point, nous allons laisser derrière nous cette longue route goudronnée qui nous a collé aux basques depuis Ponferrada et un paysage que l’on dira un peu répétitif, pour ne pas dire autrement. |
 |
 |
Avant de de pénétrer dans les vignes, vous pouvez aller renifler les effluves à la cave coopérative Viñas del Bierzo. Tout y est organisé pour le pèlerin : visite guidée, dégustation, achat, toilettes, et tamponnage du “credencial”.

Alors, après un cruceiro très sobre et une belle fontaine, où le vin ne coule pas, un chemin monte rejoindre l’autoroute, passant vers un centre d’interprétation des vins, si présents en Espagne, visant à faire découvrir aux visiteurs l’histoire des vins de la région, ainsi que les techniques de travail du sol et les systèmes de production et de transformation. |
 |
 |
Peu après, c’est la traversée de l’autoroute A6, l’Autovia del Noroeste, une autoroute peu circulante, comme généralement en Espagne centrale. |
 |
 |
Une large rampe mène au-dessus dans les vignes. |
 |
 |
Sur le Camino francés, dès qu’il y a un embranchement de chemins, les panneaux sont toujours présents pour indiquer la direction. |
 |
 |
Peu après, le chemin laisse les vignes pour se rapprocher d’un sous-bois. |
 |
 |
Section 4 : En passant par Cacabelos, le berceau du Bierzo.

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

Au bas de la légère descente, une place de pique-nique se cache sous les arbres. Ici, on voit de grands peupliers noirs mais aussi des châtaigniers et des noyers. |
 |
 |
Ici, le ruisseau de La Reguera apporte une fraîcheur bienvenue. |
 |
 |
Le chemin se balade encore un peu dans la fraîcheur sous les imposants peupliers. Ici, nous avons franchi la barrière psychologique des 200 kilomètres qui nous séparent de Santiago. |
 |
 |
Puis, le Camino alterne entre les vignes et le maigre sous-bois… |
 |
 |
…avant de ressortir dans la nature plus dépouillée du vignoble compact. La crise du phylloxéra au début du XXème siècle entraîna la mort de la plupart du vignoble, comme dans toute l’Europe. La vigne fut replantée avec des greffons américains, comme partout en Europe. Ici, c’est surtout le cépage rouge Mencia qui a le droit de cité.

Le chemin monte alors en pente légère le long des ceps plantés dans ce qui ressemble plus à un champ de cailloux que de la terre. On dit que les vins du Bierzo sont corsés. Et pour cause, dans les cailloux, avec le soleil qui tape, c’est écrit d’avance. Les paysans ont même planté des oliviers dans cette terre ingrate. C’est si rare de trouver des oliviers dans le Nord de l’Espagne. |
 |
 |
Au sommet de la butte, le Camino coupe la N-6, la route nationale qui sillonne le vignoble, et s’en va à plat sur une route secondaire vers Cacabelos. |
 |
 |
Ici, on peut marcher sur la petite bande de terre au bord de la route, qui se dirige vers le bourg, toujours au milieu des vignes. |
 |
 |
Les vignerons aujourd’hui ont sorti leur matériel, et nous nous approchons d’une zone plus semi-industrielle. |
 |
 |
Plus loin, une place de pique-nique et une fontaine sous les arbres. Trouver de l’eau fraîche et potable dans presque toutes les fontaines du pays est un viatique pour le pèlerin, même si on ne la boit pas toujours. Vive l’Espagne ! |
 |
 |
La route descend alors en pente douce vers la petite ville. |
 |
 |
A l‘entrée, se niche un restaurant hors du commun, une taverne avec de grandes terrasses intérieures sous les arbres, avec une épicerie bric-à-brac, où on trouve entre autres, toutes les préparations à base de piments que les maraîchers savent imaginer et fabriquer dans le Bierzo. |
 |
 |
Nous avons raconté dans l’introduction les premiers temps de la cité jusqu’au XIIème siècle. Au moment où Ventosa tomba dans l’abandon, se produisit la naissance et le développement de Cacabelos. Le bourg n’a cessé de croître au Moyen Âge. C’était une importante halte médiévale pour les pèlerins avec 5 hôpitaux de pèlerins et 4 églises, dont la majorité a aujourd’hui disparu. Plus tard, au début de l’âge moderne, la cité devint propriété des marquis de Vilafranca del Bierzo. A cette période, s’introduisit le galicien, encore minoritaire aujourd’hui. Ce n’est qu’au XIXème siècle que la cité fut intégrée à la province de León. Aujourd’hui, la cité compte 4’800 habitants.
La traversée de la ville se fait tout en longueur aussi, dans une rue centrale, souvent assez déserte. |
 |
 |
Plus loin, se dresse l’ermitage de San Roque, autrefois nommé l’Ermitage de la Vera Cruz (Chapelle de la Vraie Croix). Cet édifice fut reconstruit à de nombreuses reprises, la dernière remontant à la fin du XVIIIème siècle. On ne pourra vous décrire l’intérieur, la porte étant close. Mais oui ! |
 |
 |
Pas plus nous ne pourrons vous décrire l’intérieur de l’Iglesia de Santa María de la Plaza, remontant au XIIème siècle, reconstruite au XVIème siècle. Seule l’abside romane subsiste de l’église d’origine. On lui a ajouté une tour-horloge néo-romane au XXème siècle. Vous pouvez compter sur vos doigts les églises d’Europe qui ont réussi à traverser les siècles, intactes. Une main devrait suffire. |
 |
 |
Par contre, on ne peut pas encore fermer le passage dans les rues. Cacabelos est un très beau bourg, avec des rues très colorées de petites places, où les pèlerins se pressent à leur habitude, représentant toujours la plus grande part des personnes que l’on croise la journée. |
 |
 |
En quittant Cacabelos, le Camino traverse le beau et large Rio Cúa, une rivière qui a sucé l’argile et creusé la vallée. |
 |
 |
A deux pas, se dresse le Sanctuaire des Angustias. Le Santuario de Nuestra Señora de la Quinta Angustia (Sanctuaire de Notre-Dame de la Cinquième Douleur) date du XVIIIème siècle. Nous n’y sommes pas entrés, mais aujourd’hui l’édifice est surtout devenu l’“albergue” municipale, sur des bâtiments qui ont peut-être fait partie jadis d’un hôpital pour pèlerins du Moyen-âge. |
 |
 |
Plus loin, le Camino traverse la périphérie du bourg… |
 |
 |
…avant de s’engager sur le trottoir, puis sur le gravier, le long de la LE-173, un petit exercice qui va vous plaire, c’est sûr. |
 |
 |
Section 5 : Dans les vignes du Bierzo.

Aperçu général des difficultés du parcours : la seule montée un peu sérieuse de l’étape.

C’est le retour à la traditionnelle “senda de peregrinos” que vous avez dans doute apprécié à sa juste non-valeur dans la Meseta. Et cela monte en pente soutenue sur près de 2 kilomètres. Rien ne se passe. Alors, vous jetez un coup d’œil aux voitures qui passent, ou de l’autre côté aux arbres fruitiers et rares vignes qui hantent la colline. |
 |
 |
Ah non ! Vous apprenez en montant que vous n’êtes qu’à 194 kilomètres de Santiago. Alors, vous repartez d’un pas plus léger. |
 |
 |
Bien plus haut, le Camino passe à Pieros. |
 |
 |
Alors ici, le Camino fait une petite entourloupette à la route pour passer dans le village, un beau village avec des fleurs et du linge qui sèche sur les balcons de bois. |
 |
 |
Il y a une fontaine à la sortie du village et le Camino continue à monter sur la LE-173. |
 |
 |
Un peu plus haut, il y a embranchement à considérer. Car il y a deux parcours pour aller à Villafranca del Bierzo. Il y a les inconditionnels de la “senda de peregrinos”, qui ne lèvent même pas la tête et continuent tout droit. Ils feront un kilomètre de moins que sur la variante. Bof ! Car, la variante quitte la LE-173 sur la droite pour suivre une petite route qui se dirige vers Valtuille de Arriba. Il n’y a pas photo ici : prenez la variante. |
 |
 |
Plus loin, la terre battue remplace le goudron dans les vignes. |
 |
 |
C’est un bel endroit pour le vignoble. Le climat de cette région se caractérise par une température annuelle moyenne douce. Les hivers sont froids, avec des brouillards fréquents et de la neige. En été, la température peut monter à des températures très élevées. L’hiver et le printemps sont souvent pluvieux, toutes conditions qui favorisent la vigne. |
 |
 |
Vous vérifierez sans doute que de nombreux pèlerins passent par la variante. |
 |
 |
Plus loin, le chemin descend en pente soutenue vers Valtuille de Arriba. |
 |
 |
C’est un charmant village de vignerons, avec de curieuses et anciennes maisons présentant des pignons sur la rue, souvent très colorées. Un ruisseau coule au milieu du village. |
 |
 |
A la sortie du village, le chemin de terre retrouve un peu le sous-bois… |
 |
 |
…avant de trouver une pente plus sérieuse pour rejoindre les vignes au-dessus. |
 |
 |
Ici, on apprend que le Mencia, le cépage local serait dérivé du Cabernet franc, apporté par un pèlerin français.

Section 6 : Quelques ondulations dans les vignes.

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours avec quelques pentes, le plus souvent en descente.

Le parcours jusqu’à Villfranca del Bierzo est assez vallonné. Le chemin monte encore un peu sur la butte. On voit que l’on se rapproche rapidement des contreforts des montagnes de León. |
 |
 |
Le chemin défile et ondule comme un gros serpent sur la douce colline dans un paysage de carte postale, au milieu des vignes et des chênes verts. |
 |
 |
Peu après, il grimpe un peu plus sur une butte dans la terre rouge et caillouteuse. |
 |
 |
Plus loin, près des calcaires gravés par des pèlerins, on se rapproche à 3 kilomètres de la fin de l’étape. Ici poussent aussi quelques rares oliviers. |
 |
 |
Et le jeu continue ainsi pendant plus d’un kilomètre, d‘une vigne à l’autre, avec parfois des pins parasols ou de grands chênes comme compagnons. La nature est belle et généreuse par ici. Les vignes, quel que soit les pays, ont toujours ce plus de magie. |
 |
 |
Plus loin, une guérite est plantée comme un sémaphore bienveillant.

Bientôt, on aperçoit en dessous les voiles des maraîchers dans la plaine. |
 |
 |

Plus loin, la densité des guérites augmente sur le chemin. On se rapproche de Villafranca del Bierzo. |
 |
 |
Peu après, les deux parcours, celui qui suit la route et la variante, se rejoignent sur les hauteurs de la ville. |
 |
 |
Alors, c’est la route goudronnée qui descend en pente douce sur près d’un kilomètre dans le vallon. |
 |
 |
Plus bas, en approchant de la ville, vous verrez poindre le clocher du monastère de San Francisco sur votre droite. |
 |
 |
Vous arriverez alors au-dessus de la ville. Là, l’imposant monastère de San Francisco domine la ville

Section 7 : Viste de Villafranca del Bierzo.
Villafranca del Bierzo est un vrai musée à ciel ouvert. Les monuments son très présents dans toute la cité. La pente est assez présente pour gagner le centre. Le premier monument que vous trouverez est l’église romane de Santiago Apostól (Saint-Jacques l’Apôtre), un édifice austère et massif. Cette église à une nef, commencée à la période romane à la fin du XIIème siècle et achevée au XIIIème siècle est donc un exemple de transition entre l’art roman finissant et l’art gothique naissant. Des additions ont eu lieu par la suite, dont le clocher à deux ouvertures. |
 |
 |
L’église, apparemment, ne se visite pas. La majestueuse Puerta del Perdón (Porte du Pardon) n’est ouverte que pendant les années saintes. La tradition remonte au XIIème siècle, lorsque le pape accorda un privilège, décrétant que les pèlerins incapables de continuer vers Santiago en raison d’une maladie ou d’une blessure pouvaient recevoir l’absolution ici même, s’ils se confessaient et recevaient la communion à genoux, en franchissant les marches de cette porte. Pour cette raison, Villafranca del Bierzo était parfois appelée le “petit Santiago”. Cette porte n’est pas la plus belle des églises d’Espagne, mais elle est source de symboles. Au cours du XXème siècle, on la barricada même pour prévenir de potentiels dégâts.

Peu après, vous passerez devant le Castillo de los Marqueses, avec ses tours aux quatre coins. Ce palais fut construit par les Marquis de Villafranca aux XVème et XVIème siècles sur les vestiges d’un ancien château. Il ressemble plus à un palais qu’à un château fort. De forme quadrangulaire, il est fait de pierres et de briques maçonnées. Le château a été saccagé par les anglais, puis par les français au cours du XIXème siècle. Restauré, il appartient encore aux marquis de Villafranca. |
 |
 |
Le Camino descend dans de belles ruelles en pente vers le centre-ville. |
 |
 |
Au bas de ces dernières, vous pouvez remonter de l’autre côté sur la colline pour voir le majestueux monastère de San Francisco, situé sur l’un des points les plus élevés de la ville. On prétend que le monastère aurait été fondé par François d’Assise lui-même, lors de son pèlerinage à Saint-Jacques, au début du XIIème siècle, mais les légendes ont toujours longue vie. Ce n’est pas le seul monastère qu’on attribue au saint sur le Chemin de Compostelle. On pense aussi que l’église aurait pu faire partie d’un hôpital pour pèlerins. L’église est la seule chose qui soit conservée du monastère. Le portail d’accès à l’église est roman, mais une grande partie de la façade est du XVIIème siècle. Cependant, certains éléments structurels présentent des lignes gothiques, comme l’abside, construit lors de l’expansion de la seconde moitié du XVe siècle.
Quand vous aurez gravi toutes les marches (et elles sont nombreuses) vous aurez peut-être, comme nous, sans doute le déplaisir de trouver porte close. Alors, pour l’intérieur d’influence baroque, il ne reste qu’à faire travailler votre imagination. Allez ! On comprend un peu le flot de pèlerins qui ne se dirige même plus vers les églises sur le parcours. |
 |
 |
Du préau de l’église, vous avez une vue plongeante sur le Castillo et le centre-ville, où vous devinez les autres monuments émerger des ardoises noires. |
 |
 |
Sans remonter à la préhistoire, à l’occupation romaine et aux confits incessants entre les musulmans établis en Galice et les rois d’Asturie, la région passa sous la férule de Alphonse II, dit le Chaste à la fin du IXème siècle. C’est au cours de son règne que fut découvert le supposé tombeau de St Jacques à Santiago. Alors, Villafranca del Bierzo aurait été fondée par des moines français de l’ordre de Cluny au début du XIème siècle, construisant ici le Monastère de Santa María de Cluniaco, répondant aux besoins des nombreux pèlerins qui passaient par là. Cet endroit était en fait l’antichambre de l’étroite vallée du Río Valcarce, où vous passerez demain, pour arriver en Galice. Comme les moines étaient français, certains pèlerins français ont choisi de rester ici, donnant au village le nom de Villa francorum (ville des Français), qui a finalement cédé la place à la version espagnole Villafranca. Pendant plusieurs siècles, il y eut deux magistrats dans la ville : un pour les Français un pour le reste de la ville. C’est aussi aux français qu’on doit de trouver des vignes dans la région et le développent initial des hôpitaux de pèlerins. Il y avait autrefois jusqu’à 8 monastères et 6 hôpitaux de pèlerins. Villafranca était en soi une destination pour certains des pèlerins de Santiago. On a déjà mentionné à propos de l’église de Santiago Apostól.
Il est relativement aisé de se diriger dans la cité (2’800 habitants). C’est une boucle qui, depuis la Plaza Mayor, emprunte la rue du Chemin de Compostelle, la Calle de Ribadeo qui descend jusque vers la rivière, le Rio Bubra et remonte vers le centre-ville par la Calle de la Almelada Baja. Le monastère de Santa María de Cluniaco se trouve au fond de la boucle. |
 |
 |
La Colegiata de Santa María de Cluny ou del Cluniaco a été construite au milieu du XVIème siècle, sur les vestiges du Monastère de Santa María de Cluny du XIème siècle, aujourd’hui disparu. Le déclin du monastère s’amorça au début du XIVème siècle, consécutif à une baisse des pèlerinages. Alors, le marquis de Villafranca fit ériger une nouvelle église à la manière des grandes basiliques romanes. Bien que commencée au XVIème siècle, l’édifice ne fut en fait jamais terminé, mélangeant les styles architecturaux.
Mais, peu importe la variation des styles, puisque pour une fois, nous avons trouvé ici une église ouverte, profitions-en. L’église est tout de même un “Bien de Interés Cultural”, le registre du patrimoine espagnol. C’est une très belle église, lumineuse et sobre, à part les autels. C’est un fleuron du gothique tardif espagnol, avec une forte influence Renaissance et surtout baroque. Les nefs et l’abside sont couvertes d’un remarquable réseau de voûtes et de coupoles en ardoise. |
 |
 |
 |
 |
L’Iglesia y Colegio de San Nicolás el Real (Église et école de Saint-Nicolas le Royal) est située dans le centre historique de la ville, à deux pas de la Plaza Mayor. L’église séduit par sa taille magnifique et son sens de l’harmonie, s’inspirant des édifices de la Renaissance italienne. La construction de l’édifice débuta au début du XVIIème siècle, avec le couvent et l’école. C’est un bâtiment jésuite. L’église fut construite plus tard, jusqu’au XVIIIème siècle. A la fin du XVIIème siècle, les jésuites furent expulsés, comme dans une grande partie de l’Europe. Mais l’école continua à fonctionner. Plus tard, l’édifice fut utilisé par l’administration de la ville, puis après être redevenu une école à la fin du siècle passé, c’est aujourd’hui un musée de sciences naturelles.

Pendant le Moyen-âge, la cité était devenue froissante, surtout du fait de la bulbe papale qui accordait aux pèlerins le privilège de ne pas devoir poursuivre le chemin jusqu’à Santiago pour obtenir les mêmes indulgences. A cette période, le Chemin de Compostelle était un vrai marché, de nombreux riches envoyant leurs pauvres ou leurs gens faire le chemin à leur place, et obtenir par ce biais les indigences, qui leur permettaient d’écourter leur séjour au purgatoire. Il est fort à parier que de nombreux pèlerins arrivant ici s’ingéniaient à se trouver des maladies imaginaires ou à exacerber leurs bobos pour ne pas devoir aller plus loin.
A la fin du XVème siècle, les Rois Catholiques Fernando et Isabela accordèrent la seigneurie de la ville aux marquis de Villafranca del Bierzo. Au début du XVIIème siècle, Villafranca devint le quartier général de l’armée de Galice. Pendant la Guerre d’Indépendance (1808-1814), elle fut saccagée à trois reprises par les Britanniques et pillée par les Français. En 1822, la province de Villafranca del Bierzo fut créée, avec Villafranca comme capitale. Cependant, cela ne dura qu’une décennie, car la nouvelle division administrative de l’Espagne décréta que ce territoire serait partagé entre les nouvelles provinces d’Orense et de León, la ville étant rattachée à la Castilla y León. Villafranca del Bierzo est la dernière ville de Castille, avant d’entrer en Galice. Avec toute cette histoire, vous ne serez pas surpris que de Ponferrada jusqu’à Villafranca, le patois galicien subsiste encore. C’est la capitale historique de la région d’El Bierzo, bien que Ponferrada soit maintenant la capitale de la comarca d’El Bierzo.
C’est par des ruelles étroites que l‘on atteint la Plaza mayor, là où bat le cœur de la cité. |
 |
 |
 |
 |
Logements




N’hésitez pas à ajouter des commentaires. C’est souvent ainsi que l’on monte dans la hiérarchie de Google, et que de plus nombreux pèlerins auront accès au site.
|
 |
Etape suivante : Etape 8: De Villafranca del Bierzo à O Cebreiro |
|
 |
Retour au menu 2 |