12 : Portomarín à Palas de Rei

Le retour d’une pseudo “Senda de los Peregrinos”

DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

 

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du Camino. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce parcours, voici le lien :

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-portomarin-a-palas-de-rei-par-le-camino-frances-complementaire-et-officiel-124852578

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore en Espagne de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouverez bientôt sur Amazon un livre qui traite de ce parcours.
Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

La Galice, c’est un troupeau d’un million de vaches qui donnent une viande superbe et de délicieux fromages. Outre les tapas, les fruits de mer sont un délice particulier. C’est le pays du pulpo a Gallego (poulpe tendre), du pulpo a feira (poulpe bouilli ou grillé) et les pétoncles sont célèbres. Ici, les savoureuses tartes au poisson ou à la viande sont appelées empenadas, généralement farcies de morue salée ou de thon, mais parfois de crustacés ou de porc.

Le meilleur vin blanc galicien est l’Albariño blanc, fruité et corsé. Les sols sont majoritairement granitiques, parfois recouverts d’argile, de limon, de sable ou de graviers. Les sols sont pauvres en matière organique, ce qui donne des vins avec beaucoup de minéralité. Rías Baixas est la région la plus connue des appellations en Galice. Outre l’Albariño, d’autres cépages blancs chantent dans les verres, comme le Caíño Blanco, le Godello ou le Torrontés.

On prétend que la Galice et le pays du vin blanc espagnol, mais il y a des vins rouges incroyables ici et méconnus, et dans toutes les régions.

Le cépage roi est le Mencía, celui-là même qui pousse dans les vignobles de Villfranca del Bierzo que nous avons traversés. Pour les vins rouges, c’et l’appellation Ribeira Sacra, située à l’intérieur des terres, qui a la palme. Influencées par le climat océanique et continental, sur des sols majoritairement composés de schistes ou de granite, les vignes plongent sur le Sil et le Miño. Malheureusement, le Camino n’y passe pas mais ce sont des paysages à couper le souffle, sur des coteaux abrupts et non mécanisables. Outre le Mencía, il y a une bonne demi-douzaine de cépages rouges inconnus ailleurs, dont le Bastardo (Trousseau) qui donne des vins d’une subtilité incroyable.

Dans certains endroits, dont ici à Portomarín, le Camino se divise entre le “parcours officiel”, avec ses bornes marquant les kilomètres exacts restant à Santiago, et le “parcours complémentaire”, un chemin qui a aussi ses bornes officielles, identiques, mais n’indiquant aucun kilométrage mais seulement la notation “Camino complementario”. Depuis que les nouvelles bornes ont été mises à jour en Galice, cela pose problème et peut prêter à confusion. L’interprétation est donc complexe, car souvent le pèlerin ne sait que choisir. Il ne veut surtout pas faire de kilomètres en plus ou se perdre. Les guides sont très évasifs à ce propos. Ils vous présenteront presque certainement le “parcours officiel”. Pourquoi ?

Il faut bien comprendre qu’en Espagne le Camino est sous contrôle gouvernemental, qui collabore toutefois avec de nombreuses associations des Chemins de Compostelle. Par exemple ici, la Xunta de Galice investit un million d’euros par année pour améliorer les chemins et développer les hébergements. Bien évidemment, ce sont eux aussi qui décident de la véracité historique d’un cheminement. Ne croyez pas qu’ils jettent une pièce en l’air. Ils se basent aussi sur des documents historiques, quand ils existent. Alors, pour eux, la voie principale s’écoule dans sa quasi-totalité par le chemin traditionnel, héritier, à ce qu’on croit, de l’ancien chemin médiéval. Les variantes permettent au pèlerin d’accéder à des lieux significatifs, des sentiers perdus dont les traces sont encore préservées. Mais, il faut bien comprendre plusieurs points. Premièrement, rien n’est connu de précis et défini sur le chemin original. Secondement, Il y a de la politique économique là-dessous. L’hébergement s’est développé là où marchent les pèlerins en priorité. Si vous vous décidez pour un “parcours complémentaire”, renseignez-vous avant de partir sur l’étape. Mais, cela vous ne le savez pas toujours en avance. Alors, si vous voulez le faire, sachez que vous ne vous perdrez pas.

Difficulté du parcours : Les dénivelés du jour (+383 m/-480 m) sont assez prononcés pour une étape espagnole qui traverse des collines. Le parcours monte pendant les 6 premiers kilomètres, en pentes souvent assez marquées. Puis, ce sont des ondulations permanentes, jusque à la descente pentue sur Portomarín.

Aujourd’hui, les passages sur routes ou sur les chemins sont très équivalents :

  • Goudron : 11.5 km
  • Chemins : 10.5 km

Nous avons fait le parcours depuis  León en automne, dans un temps assez clément, contrairement à la première partie du parcours,  faite sur un sol détrempé, le plus souvent dans la boue collante.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les “vrais dénivelés”, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.

Voici un exemple de ce que vous trouverez. Il suffit de prendre en compte la couleur pour comprendre ce qu’elle signifie. Les couleurs claires (bleu et vert) indiquent des pentes modestes de moins de 10%. Les couleurs vives (rouge et brun foncé) présentent des pentes abruptes, le brun dépassant 15%. Les pentes les plus sévères, supérieures à 20-25%, très rarement plus, sont marquées de noir.

Section 1 : Dans la forêt avant de retrouver une nouvelle “Senda de los Peregrinos”.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours souvent à très forte pente.

Le Camino descend du bourg pour retrouver l’escalier qui mène à la Capilla de las Nieves. Le Camino part à droite sur la route départementale. Ce matin, le temps est encore gris. Mais il y a moins de brouillard que la veille, dans une région où le brouillard aime traîner en automne.
Rapidement, le parcours quitte l’axe routier pour traverser le Rio Torres, qui rejoint ici le Rio Miño, aux eaux basses à cette période. Il y a aussi une passerelle métallique, peut-être close, pour traverser la rivière.


Au bout du pont, voici le choix : le “Camino officiel” ou le “Camino complementario”. Vous constatez que seul le parcours officiel est marqué de kilomètres. L’autre non. Nous sommes restés quelques minutes ici, interrogatifs, car il y avait un grand groupe de pèlerins derrière nous, pour voir quel serait l’objet de leur choix. Ils ont pris le “Camino complementario”. On leur avait conseillé à l’Office de Tourisme de faire ainsi.

Cet itinéraire complémentaire, aussi tracé par la Xunta, est beaucoup plus court, plus beau, tandis que l’itinéraire d’origine est plus long de près d’1 kilomètre, souvent sur la route. Mais alors, pourquoi la Xunta veut-elle faire passer les pèlerins par San Roque, l’itinéraire officiel et historique ? Justement, parce que c’est historique.et qu’il y a une église, sans doute fermée. Cela a grenouillé ici ces dernières années auprès des paysans, mécontents que l’on passe par San Roque, ce qui perturbe les vaches. Certains locaux ont même déterré la borne officielle. Quand nous sommes passés, il y avait les deux bornes. Avant ou après l’arrachage de la borne, qui sait ? Nous n’avons pas enquêté à ce propos. Tout cette histoire redit encore les problèmes posés pour les organisateurs de chemins. Nous avons vu la même problématique en France. Alors, vous verrez, à votre tour, en passant ici, quel itinéraire aura la préférence, s’il y en a toujours deux, ou s’il n’en reste qu’un.

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, les pèlerins, du moins la très grande majorité, partent à droite, le long du Rio Torres, sur le “Camino complementario”.

Le Camino suit pendant peu de temps le goudron, avant de trouver une impasse où il trouve un chemin qui monte dans le bois.
Le chemin, un mélange de terre et de vieux goudron monte à moins de 15% de pente dans les chênes.
Parfois, dans une éclaircie, on voit que le chemin passe parallèlement à la LU-633, la route départementale avec laquelle on fera un bout de conversation aujourd’hui.
Les pèlerins défilent comme des grains de chapelet dans la végétation luxuriante. Certains sont déjà à la peine. Depuis Sarria, il n’y a pas que de grands sportifs sur le parcours. Ici, les châtaigniers jouent en vain à concurrencer les chênes.
Plus on monte, plus guignent les pins. Par bonheur aujourd’hui, le brouillard s’est dissipé. Et la journée sera belle.
Plus haut, la forêt s’éclaircit, et le sol prend une teinte ocre. Vous sortez alors du bois de Monte San Antonio, qui, selon le Codex Calixtinus, était à l’époque un vrai bordel à ciel ouvert.
Peu après, la pente s’adoucit et la voie se fait royale dans les rangées de pins.

Le chemin alors alterne en pente douce entre les pins et les chênes, dans les buissons et les grands genêts.
Bientôt, le chemin rejoint la route départementale.
Vous constaterez alors que vous marchez bien sur le “Camino complementario”, là où une route redescend vers l’église San Roque, sur le “Camino officiel”. Vous avez gagné un kilomètre et vous n’avez pas marché sur la route.
Ici, le Camino fait un tout petit crochet pout éviter momentanément la route, là où les deux variantes se rejoignent.
Il longe alors les quelques maisons de Carreiroás, dont une usine où on fabrique des briques.
Peu après, le Camino traverse la route, pour s’engager à nouveau sur une “Senda de los Peregrinos” que l’on devine sans fin.
Ici, nous avons le sentiment que les cyclistes ont augmenté en nombre. Et tour ce petit monde hétéroclite de marcheurs motorisés ou non défile sous les pins.
Plus loin, le chemin passe devant un lieudit nommé Campo de Momoas. Ici, aurait-on déniché quelques ossements de la préhistoire ? Un mamoa, en galicien ou en portugais, est un tumulus, à savoir un monticule artificiel qui recouvre une chambre de dolmen. Il peut être fait de terre, vêtu d’une cuirasse de petites pierres imbriquées, ou être seulement fait de pierres.

Section 2 : Sur la “Senda de los Peregrinos”.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans grande difficulté, en montée souvent douce.

Plus loin, on aperçoit sur la gauche de la route un grand dépôt de carburants.
Non, ici, ce n’est pas la Vuelta cycliste qui traverse la route, au niveau du dépôt de carburants. Les cyclistes se divisent en deux groupes : ceux qui se font transporter les bagages, et, les moins nombreux, ceux qui sont chargés comme des mules.
Dans cette Espagne immense, c’est tout de même un luxe de pouvoir faire passer la “Senda de los Peregrinos” d’un côté à l’autre de la route, non ? Ici, deux pèlerins, assis dans l’herbe consultent leur téléphone. Ne pourrait-on pas se passer 5 minutes de ces outils superflus, quand on marche ?
Peu après, le chemin se rapproche du hameau de Toxibó.
Ici, le chemin monte en pente soutenue le long des rares maisons du hameau. La pierre règne toujours en maître absolu.

Ici se dresse un élégant hórreo en pierre et en bois, décoré d’une rosace et surmonté d’un fleuron à une extrémité et d’une croix à l’autre. C’est le plus élégant de ces monuments du patrimoine galicien que nous ayons rencontrés jusqu’ici.

Plus loin, à la sortie du hameau, le chemin retrouve la “Senda de los Peregrinos”.
Mais, ici, surprise, il s’en écarte un peu…
…pour aller visiter un peu plus loin un sous-bois où poussent d’abord les chênes, puis les pins. C’est assez sympathique que ces messieurs dames de la Xunta de Galice offrent de temps à autre un espace de recréation aux pèlerins.
Car c’est rapidement le retour aux affaires courantes sur l’implacable “Senda de los Peregrinos”.
De l’autre côté de la route, c’est le hameau de Cabanas Do Monte. Il n’y a rien pour les pèlerins là-bas. Dans cette longue plaine, il y a des cultures. Sans doute des céréales.
Le chemin longe alors un sous-bois, le long de la route. Ici, il y a des chênes bien évidemment, mais aussi des pins, des châtaigniers et des frênes. Les frênes sont souvent présents à la lisière des bois, là où il y a de la lumière.

Plus loin, il y a une place de pique-nique sous les arbres. Mais, c’est comme toujours en Espagne. On ne sait pas vraiment à qui elles servent.

Alors, un peu plus loin, voici encore quelque chose qui ne sert à rien ou à pas grand-chose : la polémique entre le “Camino officiel” et le “Camino complémentaire”. Le parcours complémentaire va visiter le village de Gonzar. Le parcours officiel, non, car il suit la route. A vous de choisir. Il y a un bar sur les deux parcours.
Sur le parcours officiel, le chemin suit la route départementale…
…avant de trouver un bar, aujourd’hui plein comme un œuf. C’est la grande communion du Camino de Santiago, où toutes les nationalités se rencontrent.
Cela sent un peu l’arnaque. Les braves visionnaires de la Xunta de Galice sont des administrateurs. Comme dans toutes les administrations inutiles, il faut bien occuper ces gens qui gèrent les chemins. Alors, ils inventent des trucs pour embrouiller le pèlerin. Il est fort à parier qu’on a laissé le chemin officiel au bord de la route pour remercier le travail de bénévole du bar. Mais, on peut aussi se tromper.

Sur le “Camino officiel”, vous pouvez jeter un coup d’œil en passant vers le village. Vous verrez pointer le clocher de l’église derrière les maïs. Au Moyen Âge, Gonzar appartenait aux Chevaliers de l’Ordre de San Juan de Portomarín. Avec tout ce patrimoine-là, n’auraient-ils pas dû intervertir les deux parcours ?

Plus loin, le Camino quitte la “Senda de los Peregrinos” pour rentrer à l’intérieur du pays.

Section 3 : Presque un “col“ sur le parcours.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : montée par endroits assez pénible.

Il y a d’abord un petit bout de route en mauvais état qui monte en pente assez soutenue à la sortie du village.
Puis, la pente s’adoucit et la route cède le pas à un large chemin qui court sous les pins élancés.
Alors, les chênes remplacent les pins, le long des murets de pierre. Ici, le chemin est un peu plus caillouteux.
Assez rapidement, vous apercevrez Castromaior sur la colline.
Le village est construit dans la pente. Ici se dresse aussi un élégant hórreo en pierre et en bois, décoré de deux fleurons. Castromaior tire son nom d’un grand castro préromain, un fort qui se dressait non loin d’ici.
Le village est un mélange de maisons en pierres rudes et d’immeubles plus modernes. Il y a ici une minuscule église romane du XIIème siècle consacrée à Santa María.
A partir du village, la pente est raide jusqu’au sommet de la colline.

Dans ces conditions-là, c’est souvent la file des pèlerins qui s’échelonne et serre les dents. Mais, ce n’est pas l’Anapurna, non plus.

Plus haut, le Camino quitte la route pour un chemin caillouteux en direction du château. Ce n’est pas un vrai château. Ce sont les restes du castro celtique, encore visibles sur la colline.
Plus on monte sur la colline, plus elle se déboise pour n’être bientôt qu’une steppe rase.
Au sommet de la colline, un large chemin suit la crête…
…pour retrouver plus loin la route départementale et la traverser.

Ici, nous sommes à 82 kilomètres de Santiago. Une paille, non ? Mais, pas pour tous. Il y a de nombreux touristes sur le parcours qui traînent leur misère. Même s’ils donnent du “Buen Camino” avec un sourire crispé.

Nous revoici donc sur la “Senda de los Peregrinos”.
Mais, cette dernière est capricieuse. Elle repasse de l’autre côté de la départementale. Les espagnols ont tout de même eu beaucoup de travaux de terrassement pour dessiner ce bas-côté des routes sur près de 500 kilomètres. Est-ce que la “Senda de los Peregrinos” préexistait à la route, ou est-elle venue après ? Nous ne le savons pas. Mais, cela n’a rien à voir avec le chemin du Moyen-âge, car si le pèlerinage a explosé à ces périodes-là il s’est étiolé par la suite, pour presque disparaître et renaître à la fin du siècle dernier.
Ici, le chemin s’écarte de la route, passe dans le sous-bois, où les chênes verts sont de retour en abondance, comme souvent quand la terre est de piètre qualité.
A deux pas se trouve le hameau de Hospital de la Cruz. Comme son nom l’indique, il y avait autrefois un hôpital de pèlerins ici, mais à part donner son nom au village, il ne reste rien de l’hôpital médiéval, ni de la chapelle qui ont existé jusqu’au XVIIIème siècle.
Peu après, le parcours se civilise un peu, en arrivant à un grand carrefour de routes, à O Alto do Hospital. Ici se croisent au milieu des départementales la N-540, la route nationale, l’axe Nord-Sud de la province, qui descend de Lugo au Nord, la capitale de la région. Il y a un grand bar-restaurant au carrefour.
Ici, le Camino prend la petite route secondaire, direction Ventas de Narón.

Section 4 : Ondulations entre prés et sous-bois.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : surtout de la descente, mais sans difficulté.

Il n’y a pas une circulation exubérante sur cette route. Souvent, les pèlerins peuvent utiliser le bas-côté de terre battue, à leur usage. Mais, ils ne le font pas tous.
Ici, ce sont avant tout des prés, dans les chênes et les bouleaux. Il y a peu de cultures dans la région, qui est avant tout une région d’élevage.
Peu après, la route passe à Ventas de Narón.
Il y a foule au bar. Ventas de Narón est le lieu où, en 820, quelques années seulement après la découverte du tombeau de Santiago, les chrétiens remportèrent une victoire sanglante sur les troupes de l’émir de Cordoue qui tentait de conquérir la Galice. À l’époque médiévale, la ville était connue sous le nom de Sala Regina, comme il est dit dans le Codex Calixtinus. C’était une halte et un lieu de commerce. Elle possédait un hôpital de pèlerins construit au XIIIème siècle par les Templiers.
La seule partie restante de l’hôpital est la petite chapelle en pierre de Santa María Magdalena. Il n’y a pas que foule au bar.

Ici c’est la chasse au “credencial”. Serrés comme des sardines, les pèlerins doivent d’abord répondre aux questions posées par l’animateur. Le “credencial” est d’abord une affaire religieuse, en fait, même si c’est devenu une coutume profane. Alors, vous faites comprendre que vous ne comprenez pas l’espagnol, et l’animateur, en maugréant, vous tamponne votre document. A Santiago, les fonctionnaires chargés du dépouillement du “credencial” préfèrent voir des sceaux des églises que celles des bars. Mais, nous l’avons dit ailleurs. Il faudrait pour cela que les églises soient ouvertes, ce qui est rare, au moment où le pèlerin marche sur le parcours.

Depuis le village, la route monte en pente douce vers la Serra de Ligonde. Ici, au bord de la route, une large bande de gravier vous permet d’éviter le goudron.
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Sierra signifie forêt. On y trouve des conifères, des épicéas en grande majorité. Mais, le sol est pauvre, au milieu des fougères, des bosquets d’ajoncs, des genêts et de bruyères. Parfois affleurent les gneiss. C’est le point culminant de cette étape à environ 750 m et offre de superbes vues sur les vallées en contrebas.
La descente de la Sierra est assez soutenue. Parfois, cela ressemble ici à une course d’école, avec des pèlerins qui musardent le nez en l’air.
Voulez-vous une preuve. Ceux-ci s’attardent même à regarder les vaches galiciennes dans les prés…
…ou même de jouer avec elles, devant le bar de A Orevisa, à l’ombre du châtaignier.
Peu après, au bord de la route qui descend dans la végétation épaisse, il y a une place de pique-nique au lieudit Cruceiro de Lameiros que d’autres appellent Cruceiro de Ligonde.
Lameiros signifie pâturages. C’est un hameau de l’autre côté de la route. Le Camino n’y va pas, mais fait halte devant le grand cruceiro (crucero en espagnol) du XVIIème siècle, érigé sur le site de l’ancienne Capilla de San Lázaro. Pour de nombreux Galiciens, c’est le plus célèbre cruceiro du Camino, représentant la Passion du Christ, avec un crâne, des os, un marteau, des clous une échelle à la base. Il règne ci une atmosphère entre la religion et la course d’école.
Juste en dessous du cruceiro, la route arrive à Ligonde. Le village existe depuis le XIème siècle. Il y avait ici un hôpital de pèlerins de l’Ordre de Santiago, qui exista jusqu’à la fin du XVIIIème siècle.
Jadis, s’arrêtèrent ici de nombreuses têtes couronnées. Aujourd’hui, ce n’est qu’un village de campagne, tout en longueur, avec bien sûr des hórreos en briques, modestes.

Section 5 : D’un village à l’autre.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : quelques pentes, mais rien de difficile, même si le dénivelé est de 100 m, autant positif que négatif.

Le Camino quitte le village jusqu’à trouver un petit raccourci qui évite la route qui fait une boucle ici.
Le raccourci descend dans les herbes hautes…
…jusqu’à trouver le Rio Areixe, où il retrouve la route. A deux pas, il y a un bar sous les arbres.
La route remonte de la cuvette pour arriver à Eraixe.
Il y a ici un cruceiro et l’église néo-classique de Santiago du XVIIIème siècle, qui conserve le portail roman d’une première église du XIIIème siècle.
Il y a ici une bonne infrastructure pour les pèlerins pour se reposer, se restaurer ou se loger.
La route continue à monter à la sortie du village. Il y a toujours une bande de terre à l’usage des marcheurs, un peu comme une traditionnelle “Senda de los Peregrinos”.
Plus loin, la route passe devant un ancien lavoir.
Puis, la pente se fait douce. Ici, les châtaigniers, les frênes et même les marronniers tentent de faire concurrence aux chênes.
Plus haut, le Camino arrive à un carrefour de routes, où il amorce la descente vers O Portos.
Au début, la pente est douce, là où le maïs se partage l’espace avec les prairies.
C’est alors qu’apparaissent les premiers eucalyptus, les arbres rois de la Galice du côté de la mer.
Le chemin au bord de la route descend alors en pente plus nette dans les bois clairsemés, au milieu des chênes, des eucalyptus et des peupliers noirs.

Ici, nous sommes à 73 kilomètres de Santiago.

A bas de la descente la route passe à O Portos, où coule un ruisseau que l’on devine à peine.
Depuis le hameau, la pseudo “Senda de los Peregrinos” se perpétue sous les arbres, évite une route qui se dirige vers Vilar de Donas, où se trouve une belle église avec des fresques, à 2 km d’ici.
Peu après, la route passe au lieudit O Portos, près d’une charmante “albergue” et continue à plat sous les arbres…
…avant de trouver un lavoir au bord de la route, apparemment encore utilisable. Nous avons même croisé une pèlerine qui faisait sa lessive.
Lestedo est à deux pas, et la route passe devant le cimetière. Tous les villages de cette région sont de petits villages, voire des hameaux.
L’église paroissiale Santiago de Lestedo, retapée avec le temps, est surmontée d’un clocher percé de deux ouvertures en plein cintre pour les cloches, et d’une troisième ouverture au sommet. Le cruceiro devant la porte de l’église repose sur un piédestal quadrangulaire. La parte supérieure est neuve, car l’ancienne a été endommagée il y a longtemps par un grand coup de vent.
Depuis l’église, la pseudo “Senda de los Peregrinos” continue à monter en pente douce vers le village de Os Valos.

Section 6 : Au bout de la “Senda de los Peregrinos”.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : de la descente avant tout, sans grande difficulté.

Il n’y a rien pour le pèlerin à Os Valos, avec ses quelques rares maisons et son hórreo en briques.
Puis, la route accompagnée toujours de sa pseudo “Senda de los Peregrinos” descend en pente légère sous les arbres.
Ce sont toujours les chênes qui dominent les châtaigniers. Lorsque les eucalyptus sont présents, ce sont des plantations compactes. On ne saurait vous dire si on les utilise ici pour faire de la pâte à papier, comme au Portugal, ou s’ils servent à fabriquer des meubles, des poteaux ou du bois de chauffage.
Dans cette région, il n’y a presque aucune culture. Ce sont avant tout des prairies entrecoupées de bois, avec parfois la présence de vaches. Nous n’avons pas rencontré de moutons ou des chevaux.
La route arrive bientôt à A Brea, un havre de bonheur et de calme, comme un bonbon.
A partir d’ici, c’est la fin la pseudo “Senda de los Peregrinos”, et le retour à la correidora, ce type de chemin creux galicien entre les talus et les murets, sous les arbres.
Le chemin va onduler ici de manière douce, à l’ombre des chênes. La nature est ici enchanteresse.
Plus loin, le chemin se rapproche et va suivre la N-547, la route nationale qui relie Lugo à Santiago. La circulation y est dérisoire. Il ne doit pas y avoir souvent de bouchons dans cette partie de l’Espagne peu peuplée.

Ici, nous sommes à 69 kilomètres de Santiago. La porte à côté, non ?

Peu après, le chemin va quitter la N-547, à l’entrée de O Rosario.
Jadis, quand il n’y avait pas encore des dalles, en entrant à O Rosario, les pèlerins voyaient le Pico Sacra, la montagne sacrée au-dessus de Santiago, et récitaient ici le chapelet, d’où le nom du hameau. Aujourd’hui, on ne voit plus la montagne et les chapelets sont presque tous dans les musées.
A la sortie du hameau, le chemin reste encore un peu sous les grands arbres, avant de transiter dans une aire récréative, assez vide, on le dira ainsi. Palas de Rei, ce n’est que 3’300 habitants. Ceci explique cela.
Plus loin, les parcs se succèdent.

Vous voyez bien ici que c’est aussi un pays de châtaignes. Pourtant, nous ne sommes qu’au début de l’automne.

Après le parc où on sort sur les dalles, c’est le retour à la terre battue…
…avant de retrouver une dernière fois les grands chênes.
Il n’y a pas une grande transition de la campagne à la ville. Le chemin arrive rapidement vers l’église de San Tirso.
Des documents du IXème siècle font référence à une église sur ce site. Cependant, l’actuelle église qui a été construite au XIIIème siècle, a subi de nombreuses modifications au cours des siècles et la seule partie originale est le modeste portail ouest roman.

Mais comme l’église est ouverte, on se doit tout de même de vous montrer l’intérieur sans style particulier.

Palas de Rei (Palais du Roi) , selon la légende, a reçu ce nom du roi wisigoth Witiza, qui aurait construit un palais ici, bien que le palais ait disparu depuis longtemps. Witiza était le dernier des hérétiques ariens militants, qui soutenaient que Jésus est le Fils de Dieu, mais subordonné à Dieu le Père, qui l’a créé. Cependant, les vestiges romains et celtiques dans les environs indiquent des colonies beaucoup plus anciennes ici. Le nom de la ville n’apparaît dans les documents historiques qu’au IXème siècle. La cité a toujours été une étape importante sur le Camino, marquant la fin de la 12ème étape du Codex Calixtinus. Il ne reste rien de l’apogée de la vieille cité. Il y a quelques manoirs et maisons nobles disséminés pour montrer la richesse de la région. Mais, vous ne passerez sans doute pas vos vacances ici.

Logements



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