03: Zubiri à Pampelune

L’axe aujourd’hui, c’est l’Arga

DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

 

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du Camino. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce parcours, voici le lien :

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/zubiri-navarra-espana-33627983

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore en Europe de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouver sur Amazon un livre qui traite de ce parcours. Cliquez sur le titre du livre pour ouvrir Amazon.

Le Chemin de Compostelle en Espagne. VIIA. De St Jean-Pied-de-Port à León par le Camino francés

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Quand vous marcherez sur le Camino francés, vous constaterez rapidement, plutôt vous entendrez que les américains sont légion ici. Pourquoi ? Cela tient en fait à un film qui a connu un grand succès chez l’oncle Sam, The Way, un film d’Emilio Estevez, qui met en scène un médecin américain, à l’existence confortable, qui se rend d’urgence en France où son fils Daniel vient de disparaître. On le demande à Saint-Jean-Pied-de-Port pour constater le décès du fils dans la montée de Roncevaux. Bien évidemment, il fallait compliquer les relations entre le père et le fils pour créer une histoire. Alors devinez-vous ce qu’a fait le scénariste ? Il envoie le père faire le Chemin de Compostelle. Simple, non ? Bien sûr, le médecin a un caractère difficile et il prend beaucoup de temps à s’ouvrir aux autres, à Jack l’Irlandais, à Sarah la Canadienne, ou à Joost le Hollandais. Ils se découvriront progressivement, avec pas mal de heurts et d’incompréhensions. Ils arriveront ainsi à Santiago, puis au bord de la mer où le héros confiera à la mer les cendres de son fils, sous le regard de ses compagnons.

Le film, produit en 2010, eut un succès retentissant en Amérique et en Espagne, puis plus tard en France. Certains critiques y ont vu une idée pieuse, comme de nombreux pèlerins qui vont encore sur le parcours comme occasion de rédemption. D’autres ont vu une analyse psychiatrique des relations père-fils, mentionnant les relations superficielles entre les participants au voyage. Mais les critiques, en grande majorité, ont défini ce film comme un film publicitaire, une vision stéréotypée de ce qu’est devenu le chemin aujourd’hui. C’est pour eux du théâtre, des ritournelles ajoutées à la légende du chemin. On ne peut donner tort à ce point de vue, hélas. Le Camino francés a certainement perdu une grande partie de sa composante religieuse. N’oublions pas que le film a été fait par des américains, et quand on a vécu là-bas, on sait bien que la grande partie des relations entre les gens sont très superficielles. Vous pouvez passer une soirée avec un américain et le rencontrer à nouveau le lendemain. Il ne se rappellera pas de vous avoir vu. Alors, vous retrouverez sur le chemin des américains et vous verrez que cela ne change pas. Comme dans le film, les américains ici ne s’ouvrent qu’aux anglophones. Et si peu, cela suffit à leur bonheur.

L’étape du jour est une belle balade dans la vallée étroite de l’Arga. Le parcours virevolte de part et d’autre de la vallée sur de petites collines, pour arriver à Pampelune (Pamplona). Quand vous arriverez ici, dans les douves de la forteresse, songez que de nombreux événements, souvent guerriers se sont passés ici. Bien sûr, vous pouvez aller directement dans votre “albergue” et ignorer tout de cette histoire. Mais c’est toujours intéressant d’avoir une petite idée des lieux que l’on traverse. Alors, voici quelques brefs éléments pour éclairer le propos. Pompée, le général romain aurait établi ici une ville vers 75 avant J.C. lui donnant le nom de Pompaelo, ce qui aurait donné Pamplona (Pampelune). Par la suite on aurait érigé ici des remparts importants, on dit 67 tours. Puis, il y eut de nombreuses invasions, d’abord les Francs, puis les Arabes. Mais les plus gros dégâts furent causés par Charlemagne à la fin du VIIIème siècle qui fit raser les remparts. En représailles, les basques piégèrent l’armée de Charlemagne, dont le légendaire Roland, à Roncevaux.

A la fin du IXème siècle, la ville devient la capitale du royaume de Navarre. La ville se développa alors surtout au Moyen-âge, grâce au Chemin de Compostelle. A cette époque, la ville comportait trois bourgs distincts. Le plus important était la Navarreria, autour de la cathédrale, avec le roi, la cour et le clergé. Les deux autres bourgs étaient ceux de San Saturnio et San Nicolás , peuplés d’artisans et de commerçants venus du nord des Pyrénées. Chaque bourg disposait de ses propres fortifications. On vous en dira un peu plus sur l’histoire de la Navarre par la suite, dans la prochaine étape. Disons ici simplement que Philippe II, craignant les français, fait construire alors cette immense forteresse au tour de la ville, dont de nombreux murs subsistent encore.

Difficulté du parcours : Les dénivelés (+270 mètres/-346 mètres) sont très faibles dans l’étape du jour. Il n’y a pas grand-chose à signaler de difficile. Mentionnons toutefois quelques passages un peu plus soutenus. D’abord, en début d’étape, on note le passage après la gravière vers Ilaratz et la descente sur les dalles vers l’Arga avant Zuriain. Puis, sur un très court tronçon, le parcours monte sèchement dans le maquis après Zabaldika. La suite est sans problème.


Dans cette étape, il n’y a pas mal de route, car on traverse la ville. Mais, la grande partie du trajet se passe sur les chemins. En Espagne, en dehors des villages et des villes, les routes goudronnées, pour la grande majorité, comportent des bandes herbeuses ou de terre sur les bas-côtés. Ainsi, le Camino francés est avant tout un vrai chemin, si on le compare aux autres chemins de Compostelle en Europe, où les parcours ne sont qu’à moitié sur les chemins :

  • Goudron : 7.0 km
  • Chemins : 13.0 km

Nous avons fait le parcours jusqu’à León d’une traite, dans un printemps froid et pluvieux. Dès lors, de nombreuses étapes ont été faites sur un sol détrempé, le plus souvent dans la boue collante.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les “vrais dénivelés”, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.

Voici un exemple de ce que vous trouverez. Il suffit de prendre en compte la couleur pour comprendre ce qu’elle signifie. Les couleurs claires (bleu et vert) indiquent des pentes modestes de moins de 10%. Les couleurs vives (rouge et brun foncé) présentent des pentes abruptes, le brun dépassant 15%. Les pentes les plus sévères, supérieures à 20-25%, très rarement plus, sont marquées de noir.

Section 1 : Une énorme gravière sur le parcours.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans problème, si ce n’est autour de la traversée du ruisseau d’Extodola et la montée sur Ilaratz, mais les pentes ne dépassent jamais 10% à 15%.

Aujourd’hui, le temps s’annonce splendide sur la Navarre. C’est au petit matin, peu avant que le soleil ne se lève, que nous quittons Zubiri près du pont de pierre sur l’Arga.
La direction est celle de Larrasoaña, à 5.5 kilomètres d’ici. L’étape n’est pas longue jusqu’à Pampelune.
Le Camino croise en montant quelques maisons du village, de l’autre côté de la rivière, et aussitôt s’en va dans les prés, où il passe sur un petit filet d’eau.
Il monte alors en ondulant dans le sous-bois et les prés, hésitant entre la terre battue caillouteuse et les petites dalles, qui parfois généreusement pavent le chemin pour éviter les cailloux et la boue, quand la pente devient forte.
Plus loin, le chemin ondule encore pour redescendre en direction d’une gigantesque usine, qui occupe presque toute la vallée.
Une route remonte alors longuement le long de l’usine. Le soleil apparaît à l’horizon.
Plus haut, le Camino quitte la route pour un chemin qui s’en va dans les hautes herbes. En se retournant, on mesure l’immensité de l’usine. Ici, on extrait de l’oxyde de magnésium, à usage industriel et alimentaire. Bon appétit ! Sur des hectares, il n’y a que de des déchets minéraux et le chemin zigzague au milieu de ce gentil petit monde pollué.
Tout est grisaille ici, et le chemin longe un moment la crête.

Au bout de la crête, le chemin va profiter encore un peu de la beauté exotique du site industriel, en redescendant sur des escaliers dans la plaine.

Au bas de la descente, le chemin respire un peu, passe le ruisseau d’Etxondola, qui doit être pollué jusqu’à la moelle des eaux. Il reprend alors ses droits de vie sur les dalles d’un chemin qui grimpe sèchement vers le village de Ilaratz sous les hêtres chétifs.
Peu après, le chemin monte sur le flanc de la colline…
… jusqu’à rejoindre le hameau et ses solides maisons de pierre.
A la sortie du hameau, le Camino redescend du hameau sur la route. Ici, il n’y a que des prés, pas de cultures. L’élevage doit être de règle.
La route passe devant l’ermitage de San Lucia, qui ressemble plus à un château-fort qu’à une église. Cet édifice remonte au XIème siècle puis fut transformé au XVIème siècle. Mais, les fonds baptismaux sont encore d’époque. Dans les édifices religieux historiques, vous trouverez le plus souvent des guides qui vous raconteront l’histoire des lieux et qui vous tamponneront votre “credencial”. S’il n’y a pas de guide, vous aurez aussi souvent le loisir de tamponner votre passeport du pèlerinage vous-même.

Peu après l’ermitage, la route passe dans le hameau de Ezkirotz.
Derrière les quelques maisons du hameau, le chemin descend vers le sous-bois pour traverser sur une passerelle le ruisseau de Setoaingo.

Section 2 : Sur les hauts de la rivière Arga.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté, à part un tronçon très raide, mais dallé, pour descendre vers la rivière.

Le chemin traverse alors un sous-bois où dominent les chênes et se dirige vers une grande exploitation agricole.
Ici, on nous assure que nous sommes dans le pays basque. Et c’est vrai. La Navarre ainsi que les trois territoires historiques de la communauté autonome du Pays Basque (San Sébastian, Vitoria et Bilbao) forment le pays basque. Peu après, le chemin de terre croise une petite route.
Le chemin part alors un peu dans les prés où paissent ici de belles vaches, qui ressemblent un peu à l’Aubrac française. Mais elles ont un museau plus fin sous leurs belles cornes. Ce sont des Betizu, des vaches à viande, dont on dit qu’elles ont un aspect farouche et qu’elles restent souvent sur le qui-vive.
Peu après, le chemin retourne alors dans le sous-bois touffu, où émergent des buissons, de petits aulnes, des cornouillers, des clématites, du houx et des érables chétifs. Il longe le sous-bois juste au-dessus de la rivière.
A la sortie du bois, le chemin passe au-dessus du village de Larrasoaña, où un pont de pierre médiéval est jeté sur la rivière Arga. De nombreux pèlerins, qui ne se sont pas arrêtés à Zubiri, passent la nuit ici. Le village possédait deux hôpitaux pour pèlerins au XIIème siècle. Rien n’y subsiste.
Peu après, une route monte alors en direction de Akerreta.
Si la pente n’est pas très sévère au début, elle augmente sérieusement à l’approche du village.
Le village est un musée ouvert avec ses belles maisons de pierre, avec leurs ouvertures encadrées de pierre de taille. L’église paroissiale de la Transfiguration est d’origine médiévale, dont il reste la robuste tour en pierre. Mais son aspect actuel, baroque, date du XVIIème siècle. Même si le village a hébergé le tournage du film The Way, aucun américain (ou si peu) ne montera voir l’église. C’est 50 mètres au-dessus du chemin. Les américains, en grande moyenne, ne sont guère friands de culture. Mais, ils croient que le Camino francés, c’est leur chemin. Alors, ils préfèrent passer leur temps à claironner à haute voix, pour que tous les pèlerins puissent en profiter, les méfaits de la cuisine espagnole, pauvre en hamburgers. Il y a heureusement de très nombreuses exceptions.
Puis, le chemin ondule assez longtemps entre prairies et sous-bois, où abondent les aulnes, les érables, les ronces et les cornouillers. Ici, les grands hêtres ont presque disparu et ne restent que les pins et des chênes.
Puis, en alternance sur un chemin lisse comme un sou neuf ou couvert de cailloux, le Camino se rapproche d’une forêt plus dense, au-dessus de la rivière.
Il hésite parfois un peu avant de gagner le sous-bois.
La forêt est à nouveau magnifique ici, dans les buis, à l’ombre de robustes chênes et d’augustes pins, qui vous donnent comme une petite atmosphère de vacances.
Alors, on vous propose, pour que vous ne passiez pas la journée à rêvasser la tête en l’air, un chemin dallé qui descend en très forte pente vers l’Arga, assez tumultueuse à première vue. “Encore ces satanées dalles” dira-notre italien de la veille en passant par ici. Par contre, notre grand-mère coréenne, qui avance lentement sur le chemin, y trouvera sans doute un peu plus de confort.

Ici, l’Arga, le plus souvent paisible, fragile, n’est pas dénuée de sautes d’humeur spectaculaires. Elle bouillonne, tel un torrent fougueux.

Section 3 : Un grand dialogue avec l’Arga.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

Le chemin suit alors la berge du fleuve. Le lierre et la mousse tapissent souvent les troncs des hêtres et surtout des chênes.
Ici, la lumière joue avec les grands aulnes et les érables qui trempent leurs pieds dans la rivière.
Plus loin, le chemin joue un peu avec la rivière, s’en éloignant pour mieux y revenir.

Puis, derrière une petite butte, on aperçoit le village de Zuriain blotti un peu au-dessus de la tumultueuse rivière.

Le chemin traverse alors la rivière et fait face à une auberge.

C’est toujours la queue dans ce genre d’établissement. Les pèlerins profitent pour casser la graine. Certains pèlerins ne déjeunent pas dans les “albergue” le matin et le font sur le chemin. D’autres s’arrêteront peut-être pour se faire livrer à domicile un de ces authentiques chefs d’œuvre qui ornent la terrasse. En Espagne, c’est le taureau ou le pèlerin l’objet de convoitise, comme en Italie, le David de Michel-Ange, que l’on peut planter à peu de frais dans son jardin.

A la sortie du village, voilà un passage que les pèlerins adorent : marcher sur la route nationale. En Espagne, on peut la plupart du temps marcher sur le bas-côté de la route, ici il n’y en a pas.
Un peu plus loin, le Camino bifurque sur une plus petite route…
… pour traverser à nouveau l’Arga, qui, entre temps, s’est assoupie.
Sur le chemin qui se dirige à nouveau vers le sous-bois, on s’adonne à l’escalade sur une paroi verticale qui dissimule une sorte de maison fortifiée.
Plus loin, un chemin étroit dodeline alors dans une espèce de lande où se plaisent les buis et les genévriers.
La vallée de l’Arga n’est pas large. Sur la droite passe la route nationale.
Après un passage un peu plus raide, le chemin arrive au hameau de Irozt. A l’ombre, un pèlerin asiatique pianote sur son téléphone. Même occupé, il vous gratifiera donnera du “Buen camino” réglementaire. Mais pourquoi diable, ne peut-on pas se passer quelques heures ou mieux quelques jours de cet instrument à inonder les réseaux que nous dirons “associaux” ? En Espagne, la communication est bonne. Le réseau est présent presque partout, pas comme en France. Alors, les aficionados du téléphone s’en donnent à cœur joie.
Ici, autrefois, il y avait aussi un hôpital pour pèlerins. Le Camino traverse le village, passe près de l‘église San Pedro du XVIème siècle, fermée comme souvent. Selon la philosophie du “Crédencial”, il vaut mieux se faire tamponner son carnet dans les églises. Mais à l’impossible nul n’est tenu. Le pèlerin jettera alors son dévolu vers les auberges pour le faire.
Peu après, le chemin redescend du hameau…
…pour repasser de l’autre côté de la rivière, où s’étend une grande grève.

Section 4 : Ondulations au-dessus de la plaine de l’Arga.

 

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans grande difficulté, avec toutefois une montée sévère mais brève, à près de 20%, dans le maquis près de la rivière. La descente sur Trinidad de Arre ne pose aucun problème.

Après le pont, il y a deux manières de continuer, sur la piste cyclable ou sur le sentier étroit qui s’en va sur le sable dans la lande, le chemin fléché. Les deux chemins se rejoignent après Zabaldika.
Sur le petit sentier, la voie est étroite dans les buissons de la lande.
Plus haut, vous passerez au village, ou du moins dans sa partie inférieure.
Bien au-dessus du village se dresse l’église San Esteban, une vielle église du XIIème siècle, remodelée avec le temps. Le chemin n’y passe pas.
Un chemin caillouteux rejoint la piste cyclable en descendant du village.
Alors, le Camino suit à nouveau la rivière. Ici, ce sont les premiers vrais champs cultivés que l’on voit depuis l’entrée en Espagne. Nous sommes relativement bas, à moins de 500 mètres d’altitude et les blés ont déjà levé, ce qui ne sera pas le cas plus loin dans l’interminable silo à blé de la Meseta.
Rapidement, le chemin passe de l’autre côté de la route nationale.
Alors s’annonce devant vous une jolie petite partie de manivelle.
Sur une colline pelée, le chemin monte dans les buis et l’herbe rase. C’est court, mais sec, à près de 20% de pente. C’est toujours sur ces tronçons que les pèlerins musardent, s’arrêtent en chemin pour reprendre leur souffle ou alors prendre des photos, en sifflotant pour donner l’illusion de la facilité. De là-haut, on peut mieux mesurer l’étendue de la vallée de l’Arga.
Peu après, le chemin redescend vers la plaine. On a posé des barrières de sécurité sur un chemin pas dangereux du tout. On ne badine pas avec la sécurité des pèlerins en Espagne.
Le chemin arrive bientôt au hameau de Arleta, avec ses maisons massives et passablement délabrées. Ici, on aperçoit pour la première fois des tilleuls et des amandiers sur le chemin.
Ici, un truculent espagnol, qui a bourlingué à travers la planète, en Amérique surtout, vous racontera sa vie avec passion. Il pense apprendre le coréen pour augmenter son chiffre d’affaires.
Puis, le chemin dodeline au pied de la plaine, parfois dans les prés…
…parfois dans des espaces qui ressemblent plus à des steppes. On rencontre parfois des érables, mais on voit surtout apparaître les peupliers noirs, les arbres rois du nord de l’Espagne.
De l’autre côté de la vallée s’étalent les lotissements de Olloki, apparemment une grande banlieue de Pampelune.
Plus loin le chemin passe devant une forêt d’arolles (en espagnol, Pinis cembra)…
…avant de passer sous un tunnel de l’autre côté de la route nationale.
Un large chemin de terre passe alors, en direction de la forêt d’arolles, au-dessus de la PA-32, la route qui conduit à Pampelune depuis la nationale…
…puis redescend dans les pins de l’autre côté de la colline.
Au bas de la descente, sous les feuillus, le chemin arrive au pont de Trinidad d’Arre, jeté sur le Rio Ulzama, un affluent de l’Arga.
Ce magnifique pont de pierre, avec ses six arches, donne sur un site charmant et romantique, où l’eau bouillonne et cascade.
Au bout du pont se dresse l’Eglise de la Trinidad, qui remonte au XIIIème siècle. L’église fait partie encore aujourd’hui, comme au Moyen-âge, d’un couvent tenu par des frères de Marie, qui tiennent toujours l’auberge de pèlerins.

Section 5 : En ville avant la forteresse de Pampelune sur la colline.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

A partir d’ici, le Camino revêt un aspect plutôt urbain. Il passe aussitôt dans la bourgade voisine de Villava/Atarrabia. C’est la ville de naissance du grand cycliste Miguel Indurain, multiple vainqueur du tour de France, auquel la ville a donné une place. En Espagne, la grand rue est presque toujours la “Calle Mayor” et la grand place, souvent la “Plaza Mayor”.
Puis, sur la longue rectiligne sous les marronniers, le Camino passe sans transition de Villava à Burlada/Burlata. Ces deux villes regroupent tout de même plus de 30’000 habitants.
Dans les villes espagnoles, il y a peu de probabilité de s’égarer. Les signes sont partout, que ce soit de la peinture ou des coquilles de St Jacques, stylisées le plus souvent. Mais si par distraction vous ne les voyez pas, il vous suffit de suivre les pèlerins devant vous qui vous montreront sans doute le chemin à suivre.
Vers la fin de la ville, un curieux palais du XXème siècle se dresse près de beaux jardins.
Plus loin, le Camino abandonne le béton pour une sorte de retour à la verdure. Un peu de retour à la verdure, en quelque sorte.
Il va progresser quelque temps dans une allée sous les peupliers noirs…
…puis le long d’un haut mur, au bout duquel on aperçoit les clochers de Pampelune sur la colline.
Le Camino se rapproche alors rapidement de la ville, en passant par des faubourgs de la ville basse.
Peu après, on se trouve alors en face du beau pont de la Magdalena, sans doute d’origine romaine, mais profondément remodelé au cours des siècles. Avec le pont San Pedro, c’est le pont le plus ancien sur la rivière Arga, même si les dernières transformations remontent à 1960. Ce beau pont, très populaire, avec sa promenade au bord du fleuve, fait partie des monuments historiques. Mais, ce sont souvent les pèlerins qui hantent le lieu.
Ici coule l’Arga, la grande rivière, devenue calme et majestueuse.
Ici, près d’un clavaire de pierre, les puissants marronniers grimpent jusqu’au ciel, le long de la promenade au bord de la rivière.
Le Camino longe alors les énormes murailles pour monter vers la vieille ville. La citadelle est énorme. C’est peu dire, c’est la plus imposante d’Espagne. Sous le roi Philippe II, sa construction a commencé au XVIème siècle, conçue par les Italiens pour défendre la ville des invasions potentielles. Ici, vous ne voyez qu’une partie de cette redoutable construction, qui fait partie d’un fort pentagonal en étoile relié au reste des remparts de la ville.
Il passe deux portes monumentales pour entrer au centre ville. Il y a peu de villes en Europe qui dégagent une aussi grande puissance militaire. Malgré le pont-levis qui lui donne un aspect médiéval, le Portal de Francia ne date que du XVIIème siècle. Après avoir traversé cette porte extérieure, le parcours gagne une atteignions une deuxième porte, le Portal Zumalacarregui qui mène, à travers la forteresse, dans la Calle del Carmen. Cette porte, dans le mur d’origine de la ville fortifiée, s’appelait auparavant Puerta del Abrevador, au XIVème siècle, pus Puerta de Francia. Au XVIème siècle. Le bouclier porte les armoiries de Carlos Ier de Castille et de Carlos V du Saint Empire romain germanique.

Section 6 : Un petit tour à Pampelune.

 

Pamplona (alias Iruña en basque) est une ville universitaire dynamique qui conserve ses liens historiques étroits avec le Camino de Santiago. La vielle ville comprend le Casco Antiguo et la citadelle (Ciudadella), que le Camino longera en partie, en sortant de la ville. Pampelune n’est pas une petite ville avec ses 200’000 habitants. C’est la plus grande ville traversée par le Chemin de Compostelle, mais elle n’est qu’au rang 29 de la hiérarchie des villes espagnoles.

http://www.orangesmile.com/guia-turistica/pamplona/mapas-detallados.htm

C’est surtout dans le Casco Antiguo que sont rangés les monuments.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Casco_Viejo_de_Pamplona.svg

Par les rues étroites, le Camino gagne le centre rapidement, du côté de la Plaza de los Burgos et de l’hôtel de ville (Ayuntamiento). Nous sommes samedi, à 1 heure de l’après-midi. Les rues sont denses, juste avant la sieste, quand l’Espagne alors se vide et arrête de respirer.
Pourtant, en empruntant les rues qui se dirigent vers la cathédrale, il y a parfois un peu moins de monde.
La cathédrale Sainte-Marie apparaît alors au bout de la Calle Curia. Il n’y a pas beaucoup de dégagement sur la place de la Cathédrale. C’est une église-musée, avec une histoire assez compliquée. De l’église romane primitive du XI-XIIème siècle, il ne reste rien si ce ne sont quelques chapiteaux et portails exposés dans le musée. A la fin du XIIème siècle, on y ajouta un cloître gothique, qui est parvenu jusqu’à nous. A la fin du XIVème siècle, la nef romane s’effondra, alors on reconstruisit ici, en conservant le cloître, une nouvelle cathédrale gothique. Au XVIIème siècle, on fit encore quelques additions baroques et néo-classiques.

La nef est assez lumineuse et dépouillée avec ses grandes arcades et fenêtres.

On n’en dira pas autant des ors et des dorures dont raffolent les espagnols.

Il y a aussi une très belle Vierge noire dans l’église. Cette Vierge au sourire est dite Vierge française.

Ici repose le tombeau en albâtre du roi Carles III, le fondateur de la cathédrale, qu’il fit ériger pour lui et son épouse.Dans un espace de transition élégant et de conception moderne, on passe alors de l‘église au cloître.

Dans un espace de transition élégant et de conception moderne, on passe alors de l‘église au cloître.
La visite se poursuit par la visite du musée diocésain, agréable et didactique. Cela change vraiment de nombreux musées poussiéreux, où on s’ennuie à mourir. Mais, cette tendance par bonheur se fait de plus en plus jour dans le monde.
La visite s’achève par le cloître, en réfection durant notre passage à Pampelune.
En revenant de la cathédrale vers le centre vous arriverez à la Plaza del Castillo, la grand-place de la ville, l’équivalent de la Plaza Mayor des grandes villes d’Espagne.
Chez les Espagnols du XIIème siècle, les fueros représentaient la loi, le statut, les privilèges d’un État, d’une province ou d’une ville. Cela vient du latin forum, signifiant place publique ou assemblée publique. Ce statut est donc un précurseur de ce que les Espagnols raffolent, à savoir l’autonomie régionale. Ici, à Pampelune, les fueros ont été à l’origine de la création de la ville. Un monument leur est dédié, un peu à l’écart de la Plaza del Castillo.

Un peu plus loin, vous pouvez faire un saut aux arènes, datant de 1922, avec 19’000 places. Bien évidemment, c’est un peu plus agité lors des fêtes de San Fermín, les Sanfermines, célébrées chaque année du 6 au 14 juillet, en l’honneur du saint patron. C’est aussi fréquenté que la fête de la bière à Munich, avec plus de 3 millions de personnes pendant la semaine. Les courses de taureaux sont le point fort de cette fameuse célébration, immortalisée par Hemingway dans son roman Le soleil se lève aussi. Les courses ont lieu tous les matins. On lâche les taureaux au corral de San Domingo près de l’Arga et en avant la musique. Des milliers de personnes courent chaque jour, parfois 3’000 par jour, grands amateurs d’adrénaline, pour éviter les six énormes taureaux, sur un parcours fléché par les rues sinueuses qui mènent jusqu’au arènes. Paradoxalement, il y a peu de morts dans ce périlleux exercice, seulement une quinzaine de personnes depuis 1911, dont le dernier en 2009. Une fois arrivés aux arènes, les taureaux sont parqués pour la corrida du soir.

Vous passerez sans doute devant l’église de San Saturnio, fermée, un des premiers quartiers à l’origine de la ville.
C’est aussi un plaisir de se balader près des petites places de San Francisco ou San Nicolas ou près de l’hôtel de ville.
Dans cette ville fascinante, vous pouvez aussi vous balader dans des ruelles quasi désertes à l’heure de la sieste.
Mais, quand la sieste est finie et qu’à nouveau les boutiques rouvrent, que la ville s’agite à l’heure des tapas, vous pourrez flâner à loisir dans les ruelles pittoresques, où les bars et les marchands de glace sont pris d’assaut. La ville semble en état de fête permanent.

Logements




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Etape suivante : Etape 4:  De Pampelune à Puente  de la Reina
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