07: Los Arcos à Logroño

De la Navarre à la Rioja

DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

 

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du Camino. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.

Pour ce parcours, voici le lien :

https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-los-arcos-a-logrono-par-le-camino-frances-33702244

Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore en Europe de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouver sur Amazon un livre qui traite de ce parcours. Cliquez sur le titre du livre pour ouvrir Amazon.

Le Chemin de Compostelle en Espagne. VIIA. De St Jean-Pied-de-Port à León par le Camino francés

Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.

Aujourd’hui, le parcours s’en va vers la Rioja. Ce sont les derniers soubresauts de la Navarre, parfois sur de larges chemins traversant la Meseta, mais aussi dans de petits vallons, là où le chemin se plaît à suivre la route nationale qui mène à Logroño. Pas d’autoroute aujourd’hui, tant pis ! Le parcours croise deux très beaux villages médiévaux, Torres del Rio et Viana. Quand on fait le Camino francés, on comprend quand même mieux pourquoi l’Europe a fait de ce chemin un véritable chemin d’exception. Le patrimoine est vraiment d’une grande richesse dans le pays, unique, d’aspect presque médiéval, alors qu’en fait, les édifices ont été érigés la plupart du temps après le XVIème siècle. Mais le XVIème siècle, c’est assez vieux, non ? En fin de parcours, vous quittez la Navarre pour la Rioja.

La Rioja n’a pas d’histoire propre. Pendant des siècles, le territoire a été au cœur de conflits incessants entre les royaumes de Navarre et de Castille, et ceci depuis le Xème siècle. Au XIIème siècle, elle est devenue de fait une partie de la Castille. Elle obtint un pseudo statut de province au XIVème siècle, se détachant des grosses provinces castillanes de Soria et de Burgos. Il fallut attendre la “transition démocratique espagnole”, de 1975 à 1982, le processus ayant permis, à la mort de Franco, la mise en place d’une vraie démocratie en Espagne. Le statut d’autonomie de la Rioja date de 1982, lorsque la région s’est enfin détachée de la vielle Castille.

Difficulté du parcours : Les dénivelés aujourd’hui (+369 mètres/-411 mètres) sont assez faibles pour une étape de près de 28 kilomètres. Le Camino francés reste un parcours de faible dénivelé, même si on marche sur un haut plateau. Mais, n’en doutez pas, il y a tout de même parfois de jolies bosses. Le passage le plus tortueux est quand le chemin passe du côté de Sansol, puis après lorsqu’il fait des efforts pour éviter la route nationale le long des petites collines. Mais après Viana, c’est la plaine, même si le chemin fait encore un petit détour par les collines avant de gagner Logroño.


Dans cette étape, il y a pas mal de route, car l’approche de la ville se passe sur la route le goudron. Mais, la grande partie du trajet se passe encore sur les chemins. En Espagne, en dehors des villages et des villes, les routes goudronnées, pour la grande majorité, comportent des bandes herbeuses ou de terre sur les bas-côtés. Ainsi, le Camino francés est avant tout un vrai chemin, si on le compare aux autres chemins de Compostelle en Europe, où les parcours ne sont qu’à moitié sur les chemins :

  • Goudron : 7.2 km
  • Chemins : 20.4 km

Nous avons fait le parcours jusqu’à León d’une traite, dans un printemps froid et pluvieux. Dès lors, de nombreuses étapes ont été faites sur un sol détrempé, le plus souvent dans la boue collante.

Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.

Pour les “vrais dénivelés”, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.

Voici un exemple de ce que vous trouverez. Il suffit de prendre en compte la couleur pour comprendre ce qu’elle signifie. Les couleurs claires (bleu et vert) indiquent des pentes modestes de moins de 10%. Les couleurs vives (rouge et brun foncé) présentent des pentes abruptes, le brun dépassant 15%. Les pentes les plus sévères, supérieures à 20-25%, très rarement plus, sont marquées de noir.

Section 1 : Une longueur sans fin.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

Le parcours quitte Los Arcos sur la place à arcades près de l’église Santa Maria, par la porte du XVIIème siècle qui s’ouvre sur la sortie de la vielle cité.
Juste derrière la porte coule le Río Odrón, sous les peupliers noirs.
Selon les années, il peut être plus en eau, voire très boueux.
Le Camino quitte assez rapidement le village, passant devant la grande auberge des pèlerins et montant sur la colline.
Un large chemin s’ouvre alors près d’une petite unité électrique et s’en va entre les champs de céréales et les vignes.
Il faudra vous y faire, vous n’avez guère le choix. C’est encore un avant-goût de ce que vous trouverez bientôt sur le Camino francés. Ici, ce ne sont que 7 kilomètres, presque en ligne droite, pour aller au village de Sansol que vous apercevez loin devant vous.
Les yeux vous portent naturellement vers le lointain. Sur ces chemins de grande solitude, tout dépend de votre heure de départ et de votre rythme de marche. Vous pouvez vous trouver presque tout seul ou alors être inondé et avalé par les cohortes de pèlerins.
C’est lancinant et déroutant à la fois, un univers qui agace ou qui fascine.
Plus loin, un petit accident de parcours sous la forme du discret ruisseau Valesca, et devant vous la file des pèlerins s’allonge. Les pèlerins, pour la grande majorité, avancent dans cette grande plaine sans maugréer. Personne ne les a forcés à venir ici. Mais il y a toujours les incorrigibles, qui trouvent critique à tout. Pourtant, le village de Sansol s’est un peu rapproché devant vous.

Section 2 : En passant par le magnifique village de Torres del Río.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours plus difficile près de Sansol, mais rien de sérieux.

Pourtant, un peu plus loin le Camino se montre généreux. Il laisse la voie droite pour un autre chemin qui se met à se tortiller légèrement. Alors, le paysage devient un peu plus varié, mélangeant les champs de céréales, les vignes et même les oliviers. Sur le chemin, certains pèlerins mettent leur protection contre la pluie, pourtant il ne pleut plus depuis 5 jours, même s’il fait toujours froid.
Ici, la terre, variant entre le rouge et le gris sale, ne doit pas absorber l’eau facilement. On pressent que cela doit être pas mal boueux par ici par temps de pluie.
Sansol se rapproche de plus en plus et le chemin croise le ruisseau de San Pedro, pas plus en eau que le précédent.
Peu après le ruisseau, le Camino trouve une petite route départementale qui monte en pente douce vers le village. Comme le paysage n’est pas excitant pour tous, ce pèlerin profite de répondre à ces mails tout en marchant. Il n’y pas une minute à perdre sur le chemin. Mais pourquoi diable ne peut-on pas se passer de son téléphone portable ?
Ici, un père avance avec un enfant sur la route qui se redresse un peu sur le village.
Là, une pèlerine prend un cliché de son amie pour fixer sur la pellicule ce souvenir inoubliable de la première “albergue” de Sansol.
Sansol est un village uniforme, avec ses maisons de pierre massives, certaines blasonnées, d’autres ressemblant à des demeures cossues baroques. Baroque aussi est l’église du XVIIème siècle. Le Camino ne fait qu’effleurer le village.
Le Camino sort de Sansol sur la route et se dirige vers Torres del Río, appelée aussi autrefois Torres de Sansol, village dominé par l’église San Andrés de l’autre côté du petit vallon. Ces deux villages ont connu la même évolution historique que Los Arcos, ayant été longtemps rattachés à la Castille. Ici, nous sommes à environ 20 kilomètres de la fin de l’étape.
Un chemin dallé descend alors en pente raide dans le vallon entre les deux villages. Ces dalles feront sûrement encore râler notre ami italien qui clame qu’on a dénaturé le chemin. Plus bas, la terre battue reprend ses droits.
Au fond du vallon, le chemin passe sous la route nationale et traverse le Rio Linares. Le village de Torres del Río apparaît alors, homogène, perché sur la colline, dominé par l‘église paroissiale de San Andrés, un édifice baroque du XVIème siècle.

Torres del Río signifie “Tours de la rivière”, en référence au Río Linares. Une colonie existait déjà à l’époque romaine. La cité, également connue sous le nom de Torres de Sansol, existait avant l’invasion musulmane. Elle fut reconquise après la prise de Monjardín. Déjà au XIIème siècle, elle possédait un monastère subordonné à celui d’Irache. Dans le Codex Calixtinus du XIIe siècle, Aymeric Picaud écrit : “Près d’un lieu appelé Torres, sur le sol navarrais, coule une rivière qui tue les chevaux et les hommes qui s’y abreuvent”. Ce brave Aymeric n’aimait pas toujours les espagnols.

Une pente assez rude conduit au sommet de ce magnifique village aux maisons massives, baroques et blasonnées pour la plupart. Le climat devait être rude pour en arriver à ériger ces demeures qui sont comme des forteresses de pierre.

Au détour d’une ruelle étroite apparaît alors l’église du Saint-Sépulcre (Santo Sepulchro). C’est un monument historique, reposant notamment sur son agencement octogonal, sa belle coupole en étoile et sur les influences musulmanes mélangées à l’art roman. Le mudéjar est un style d’architecture et de décoration fortement influencé par le goût et la facture mauresques. Les Maures dominaient la péninsule ibérique depuis le VIIIème siècle. Le style mudéjar, issu de cultures musulmanes et chrétiennes cohabitant depuis près de 800 ans, s’est imposé comme un style architectural au XIIème siècle dans la péninsule ibérique. L’architecture mudéjar se caractérise par l’utilisation de la brique comme matériau principal. Il utilisait aussi des carreaux et des stucs élaborés, en particulier dans de puissants clochers, certains ressemblant à un minaret islamique, et des absides à arcade.

A l’origine, l’église remonte au XIIème siècle. Fermée bien entendu, nous n’avons pu profiter de son intérieur que l’on dit magnifique.

Il faut le dire, il est rare de trouver un village avec autant d’harmonie où aucun édifice ne vient dépareiller l’ensemble, comme un pou dans une somptueuse chevelure.

Section 3 : De très beaux vallonnements dans la nature.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours assez casse-pattes avec des pentes parfois marquées.

Le chemin quitte les hauts du village de Torres del Río au milieu des oliviers. Vous ne verrez que rarement des oliviers dans cette partie de l’Espagne, un paradoxe, non ?
Il passe près du cimetière et s’en va dans la nature, au milieu des céréales et de rares coquelicots ou des touffes de colza qui se ressèment partout dans le pays.
Plus loin, le pays devient plus vallonné et le chemin va onduler dans les champs et les vignes, sur la terre ocre ou sur les dalles. Il ne passe pas très loin de la route nationale. On a tout de même de la peine à comprendre pourquoi dans un pays si vaste, on a fait passer le chemin si près des routes. Mais, on dira que la circulation, à de rares exceptions, est très marginale sur ces axes.
La nature est à nouveau belle ici, la terre rouge au milieu des vignes et des oliviers, avant que le chemin ne s’enfonce, en pente raide, un peu plus bas dans la nature sauvage.
On est descendu, il faut donc remonter, non ? Le chemin remonte sur les dalles en paliers, jusqu’à effleurer la route nationale qui passe au-dessus.
Mais, il reste sagement sous la route passant sous les petits érables dans un sentier étroit.
Alors le chemin prend des teintes impressionnistes sur un petit sentier étroit qui monte en pente sévère d’abord sur la terre battue puis à nouveau sur les dalles. Au sommet de la montée, qui rejoint la route qui s’est amusée à faire un grand virage, les coréens font la photo de famille. Ils le font le plus souvent au sommet des collines, comme s’ils gravissaient le Mont Halla, le plus haut sommet de leur pays, culminant à moins de 2’000 mètres de hauteur. Mais que diable vient faire ici ce peuple courtois et si poli d’Asie ? On sait que 20% des coréens sont catholiques. Mais ceci n’explique pas tout. Ils ne fréquentent pas plus les églises que les autres pèlerins, c’est-à-dire si peu. Un jour futur, un sociologue se penchera peut-être pour essayer de comprendre comment on peut s’exiler ainsi pour un mois en dehors total de sa culture. “Buen camino” disent-ils encore, à notre passage. On leur rend le bonjour avec courtoisie et sympathie.
Le chemin passe de l’autre côté de la NA-100, la petite route nationale qui traverse cette région dépeuplée. Le chemin continue à monter dans les oliviers, les érables, puis dans les genêts. Nous sommes à moins de 500 mètres d’altitude. Ici les genêts servent-ils à autre chose qu’à faire des balais ou alors ne sont-ils pas là juste pour notre plaisir ? Le jaune éclate en étincelles dorées, mais qui ne sentent pas encore le miel, au milieu de la bruyère morte de la saison passée. Quand vous marcherez plus loin dans la Meseta, 100 mètres plus haut, vous ne verrez que les hampes fanées de cette grande merveille de la nature.
Juste en dessus, le chemin passe dans une forêt de pins où se dressent de beaux cairns. Notre dame coréenne, que l’on croise tous les jours et qui part aussi très tôt, qui marche seule, dans sa vie intérieure, avec ses écouteurs sur les oreilles, a peut-être apprécié les agencements de pierres sauvages qui rappellent un peu son pays. Mais, elle n’en dira pas mot, sans doute étrangère aux langues pratiquées sur le chemin. Mais, elle vous gratifiera d’un sourire.

A la sortie du bois, le chemin passe devant l’ermitage del Poyo (Notre-Dame du Puy), reconstruit au XVIIIème siècle, mais hélas fermé.

D’ici, le chemin redescend d’abord sur la terre battue, puis sur les dalles pour rejoindre la route nationale qui n’en finit pas de tournicoter, épousant toutes les collines.
Le Camino suit alors un peu la route…
…puis repart dans le maquis sur la terre battue, parfois ocre, parfois grise. Ici, la pente est à près de 15%.
Plus haut, au niveau de plantations d’oliviers, la pente s’adoucit et le chemin rejoint une petite route.
Le Camino ne reste pas longtemps sur le goudron. Rapidement, il s’en va sur un chemin de terre qui longe le flanc de la colline pelée, une sorte de maquis avec des buissons, de petits érables, des buis et parfois quelques pins ou quelques arolles.
Puis, dans les tâches de genêts, le chemin commence à descendre un peu plus. Apparaissent alors des oliviers et des amandiers qui complètent la panoplie des arbres.

Section 4 : Encore quelques ondulations sur les collines.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours avec quelques jolies bosses, pentues mais courtes, en montée comme en descente.

Le chemin descend toujours. Il y a même des passages en pente très raide dans le maquis. Sur les coteaux de l’autre côté du vallon poussent les vignes. Plus bas, ce sont les oliviers et les amandiers qui se glissent au milieu des pins sur la terre aride.
Bientôt, la pente se calme et le chemin progresse le long de haies luxuriantes, avec parfois de petits murets sous les pins.
Plus loin, le chemin arrive au fond du vallon, où se nichent quelques pieds de vigne, au milieu des buissons.
Peu après avoir franchi le discret ruisseau de Matamala, le chemin suit les vignes et les amandiers. Les vignes augmentent en nombre. Nous sommes toujours en Navarre, mais pas très loin de la Rioja.
Ici, on avance sans peine, mais devant vous se dresse un chemin où il faudra donner un coup de collier.
C’est raide dans les genêts, les buis et les pins, mais c’est court.

Le chemin passe alors au lieudit Corral de Cornava, perdu au milieu de nulle part. Nous sommes à près de 4 kilomètres du gros bourg de Viana et à 13 kilomètres de la fin de l’étape.

Mais aujourd’hui encore, nous aurons de la peine à nous défaire de la NA-1100, qui nous suit à la trace. Le chemin descend vers elle, traverse et continue. Pour vous dire que la circulation est calme ici, nous n’avons croisé aucun véhicule de la journée jusqu’à Viana.
Alors pour quelques centaines de mètres, le Camino nous balade dans les vignes, puis dans la nature vierge pour nous faire croire que l’on ne verra plus la route…
…mais, peine perdue, bientôt, elle revient à la charge. Mais, en Espagne, on peut aisément éviter le goudron et marcher sur le bas-côté. Dame ! Le Camino francés est un chemin européen, presque entretenu à demeure par les jardiniers. Par temps sec, les pèlerins en grand nombre adopteront cette manière de faire. Par temps pluvieux, on utilisera plutôt le goudron, pour ne pas être englué dans la boue.
D’ailleurs, le parcours reprend rapidement ses droits au bord de la route, avant de la quitter à nouveau.

Section 5 : En passant chez César Borgia, par la belle cité médiévale de Viana.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : sans difficulté sauf dans le bourg de Viana.

Le chemin folâtre alors un peu dans le maquis et les buissons…
… puis revient sur la nationale. Le Camino francés est si bien organisé qu’on signale deux fois le chemin. On avertit les pèlerins qu’ils vont croiser une route. On avertit aussi les automobilistes de la présence de pèlerins. A partir d’ici, comptez deux bons kilomètres pour rejoindre la cité de Viana.
Il y a des pèlerins tellement satisfaits de marcher sur les routes qu’ils anticipent même et évitent de prendre le chemin de terre. Ces derniers pourraient tout simplement faire de l‘autostop pour arriver plus rapidement à Santiago.
Alors, à votre bon choix, prenez le goudron ou le sentier de terre, le long des amandiers et des vignes. Les coréens aiment le goudron.
Plus bas, le chemin quitte la route pour les champs de céréales et les vignes.
On voit alors Viana grandir sur la colline.
A deux pas de la cité, le chemin traverse le minuscule ruisseau de Valdearas qui sillonne dans la plaine.
Le chemin traverse alors à nouveau la route nationale et passe dans la partie basse de la cité, au milieu des HLM. On imagine qu’à Viana (4’500 habitants), cette partie de la cité doit être habitée par des pendulaires qui travaillent à Logroño.

Le Camino monte en pente marquée à l’entrée de la vielle cité. Le Camino va passer par le centre historique de la cité fondée au XIIIème siècle, et qui a peu changé depuis le passage des pèlerins médiévaux. Elle conserve une partie du complexe fortifié et de nombreuses maisons ornées d’armoiries. Au XVe siècle, Viana était une importante étape de pèlerinage avec quatre hôpitaux de pèlerins. Viana est la dernière ville navarraise du Camino, près de la frontière avec La Rioja. En raison de sa situation frontalière, la ville eut un passé mouvementé en tant que garnison défensive contre le royaume de Castille. Les monarques de Navarre l’utilisèrent aient fréquemment comme résidence et poste de commandement. Les princes héritiers de Navarre détenaient le titre de prince de Viana jusqu’à ce qu’ils montent sur le trône.
On y pénètre par une porte étroite. La cité est quadrillée comme une bastide, avec une grand-rue. Toute la cité respire une atmosphère franchement médiévale. Cette cité, le dernier bastion de la Navarre, a connu la même histoire que les autres, avec ses relations difficiles avec la Castille. Comme les villages de la région, elle connut le même essor grâce au Chemin de Compostelle. Elle comptait quatre hôpitaux pour les pèlerins au XVème siècle.
Si vous passez ici durant la Semaine sainte, en période de beau temps, il peut y avoir un monde fou, un grand marché sur la rue étroite qui mène au centre-ville.
Vous arriverez alors au centre, sur la place de Los Fueros, une place animée, centrale, là où se dresse l’hôtel de ville, un édifice de la fin du XVIIème siècle, avec ses deux tours et ses arcades.
Évidemment, il y a aussi des périodes plus calmes, mais dans toute cette cité harmonieuse les touristes se pressent, au milieu de beaux bâtiments blasonnés de style souvent baroque.
Le monument le plus célébré est l’église Santa Maria, un monument historique qui est comme une grande cathédrale trônant au milieu de la vieille ville. Cette imposante église remonte à la fin du XIIIème siècle, construite en style gothique. L’église est haute, avec une façade très ornée, de nombreuses chapelles, un intérieur chargé, baroque. Son magnifique portail, de style Renaissance, est plus tardif.
Ici sont enterrés les restes de César Borgia, condottiere et cardinal, qui passa sa courte vie entre L’Italie et l’Espagne, la famille étant originaire de Valence et ayant donné des papes, plus corrompus les uns que les autres. Lucrèce Borgia était sa sœur, qu’on a accusé sans doute à tort de tous les méfaits, notamment d’inceste avec son frère, d’empoisonneuse. Mais, ce n’était certes pas une famille simple, dans un siècle troublé. César Borgia, qui doit sa grande notoriété à Machiavel qui l’utilisa comme prototype dans son célèbre live Le Prince, fut assassiné ici, à Viana, en 1507, à l’âge de 31 ans.
Pendant la Semaine sainte, l’Office est suivi avec une très grande dévotion.
Plus loin, sur la rue centrale, le Camino passe devant l’église San Pedro, l’église la plus ancienne de la cité, datant du XIIIème siècle. Le bâtiment d’origine fut remanié au XVIème siècle. Avec sa tour puissante, l’édifice occupait une place stratégique sur le flanc ouest de la bastide. Mais, il fut ruiné au XIXème siècle, durant les guerres carlistes, quand ìl était devenu une caserne. Cette église gothique, aujourd’hui désacralisée, et en partie en ruines. Bien qu’en ruines, son portail baroque du XVIIIème siècle est en excellent état. Il y a e un bout de fresque sous un reste de chapelle.
On s’imagine aisément que l’édifice a sans doute connu une époque plus prospère.

Tout à côté se dresse le palais Pujadas, un édifice baroque du XVIème siècle, transformé aujourd’hui en hôtel.

On quitte le centre médiéval, comme on est entré, par une porte faisant partie d’un complexe de murailles qui demeurent encore présentes dans le bas de la cité.
Le Camino redescend alors les ruelles en pente de l’autre côté de la cité pour se retrouver rapidement dans la nature.
Dans les jardins potagers, le Camino retraverse le bras principal du Rio de Valdearas.
Après avoir croisé une petite route, le Camino s’en va, tantôt sur la terre battue, tantôt sur le goudron dans les champs.
Ici, la campagne est diversifiée, et l’on trouve côte-à-côte des terrains vagues, des jardinets, des vignes et de maigres champs de céréales, si énormes d’usage, il faut le dire, en Espagne.
Peu après, le Camino, devenu chemin de terre, croise la N-111, la grande route nationale, la suit quelque peu, puis s’en va aussitôt sur une petite route goudronnée sous les peupliers noirs.

Section 6 : De la Navarre à la Rioja.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

La route longe alors le ruisseau de Longar sous les peupliers noirs, le long des vignes. Ici une pèlerine traîne sa charrette à hautes roues. C’est quand même plus aisé de le faire sur le goudron.
Peu après, la route traverse le ruisseau, au pied de la Virgen de Cuevas.
Nous sommes à l’ermitage de la Virgen de Cuevas avec son aire de pique-nique sous les amandiers. L’église ici est documentée depuis le XIVème siècle, étant mentionnée dans le fameux codex Calixtinus.
Ici, nous sommes à 2.8 kilomètres de la Rioja. La Rioja n’est pas un village, ce qui pourrait porter à confusion sur le panneau, c’est une province espagnole. Nous sommes donc près de la frontière entre la Navarre la Rioja, Logroño étant dans la Rioja.
Mais que fait cette ferme ici, qui n’en est pas une ? Un anachronisme, nous n’en avons pas vu une depuis une semaine. Sans doute, un hangar pour ranger les tracteurs et les moissonneuses. Le chemin part alors dans la plaine entre vignes et champs de céréales. A l’horizon, se dessine la banlieue de Logroño.
Le chemin traverse ici une longue plaine. Les vins de Navarre ne sont pas aussi célébrés que les vins de la Rioja. Et pourtant, nous avons croisé de nombreux vignobles en Navarre, mais souvent discrets et plantés dans les plaines, ce qui n’est pas la meilleure manière de produire les grands crûs. Par contre, pour les grands champs de blé qui couvrent la plaine, il n’y a pas de problème, apparemment.
Plus loin, on arrive près de la frontière, à 5 kilomètres du centre-ville. Le chemin passe alors une belle forêt de pins, dans laquelle il fa faire un peu de gymnastique sur un pont de bois complexe pour traverser la route nationale.
Ici, la circulation est un peu plus présente. Nous sommes tout de même à côté d’une ville de 150’000 habitants.
Le chemin longe alors la route, le plus souvent sous les pins.
Peu après, on aperçoit l’Èbre, le grand fleuve espagnol, qui coule dans la plaine.
A la sortie du bois de pins, le chemin arrive à Las Cañas, dans la banlieue industrielle, à 4 kilomètres de Logroño.

Section 7 : Le Camino se rapproche progressivement de la ville.

 

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans grande difficulté.

Le Camino pénètre alors dans la Rioja au niveau du Rio del Nabal. La région autonome de La Rioja est la première région viticole d’Espagne. La Rioja tire son nom du Río Oja. Elle est séparée par le Río Ebro du Pays basque au nord et de la Navarre à l’est. Lorsque l’Espagne est devenue une réunion de 52 provinces en 1822, l’une d’elles était Logroño. La Rioja n’a retrouvé son nom qu’en 1980.

On aurait pu imaginer voir le Camino gagner à plat la ville, mais il a un autre programme pour vous, un peu plus sportif.

Peu après, une petite route passe à nouveau sous la nationale et monte dans les talus sur le Camino Viejo de Viana, le vieux chemin de Viana.
La route monte en pente douce jusqu’à traverser une autre route sous un tunnel.
Le chemin continue à monter un peu dans les peupliers et les vignes jusqu’à un petit plateau bardé de poteaux de granite, symboliques du chemin. Alors, on aperçoit la ville en contre-bas.
Du plateau, la route descend vers la ville en pente douce entre prés et vignes.
Une dame locale tient négoce au bord de la route, tentant d’appâter les pèlerins avec ses tampons pour le “credencial”. En Espagne, les jardins sont souvent suspendus dans des pots sur les façades.
Au bas de la descente, dans un foisonnement de vert, où le colza se ressème partout, la route passe le Rio Grande.
Peu après, le Camino arrive alors à deux pas de la ville, dans un grand parc le long de l’Ebre.
Plus loin, il trouve un pont de pierre traversant l’Èbre. C’est un des 4 ponts qui amènent à la ville. Il est la clef du développement de la cité. Il y avait ici un pont du XIIème siècle, avec des tours de défense, qui aurait été érigé par San Juan de Ortega, le saint bâtisseur. Le pont actuel, le plus important de la ville, ne date que de la fin du XIXème siècle. Il s’appelle simplement “Puente de piedra” (pont de pierre), en opposition au pont de fer qui passe un peu plus loin. L’Èbre est le plus grand fleuve espagnol. Il s’étend sur près de 1’000 kilomètres, prenant sa source au nord en Cantabrie, traversant la Castille, la Rioja, la Navarre et l’Aragon pour se jeter en Catalogne, non loin de Tarragone.
Après le pont, il suffit de suivre les coquilles sur les pavés de la Rúa Vieja, une des plus anciennes rues de Logroño, puis de la Calle Barriocepo. Ces rues étaient autrefois le cœur de la ville, avec des blasons encore visibles sur les façades.
Au bout de ces ruelles étroites, très colorées, vous arriverez quelque part entre le Casco Antiguo et la ville neuve, près de la Calle Once de Junio et la Plaza Alférez Provisinal et son rond-point. Ici se trouve une statue que vous pourrez croire attribuée aux pèlerins, deux marcheurs, non ? Pour une fois, ce n’est pas la question. C’est pour commémorer un petit périple de 63 kilomètres jusqu’au sanctuaire de Valvannerada, organisé chaque année par l’Association des donneurs de sang de La Rioja.

Section 8 : Un petit tour à Logroño.

Logroño (150’000 habitants), la capitale de La Rioja est traditionnellement un centre de pèlerins. La ville se situe entre la Rioja Alta (la partie occidentale humide et montagneuse) et la Rioja Baja (la moitié orientale plate et aride). La vieille ville est bordée par le Río Ebro et les remparts médiévaux. Le Puente de Piedra (pont de pierre) fut construit dans le cadre de la route de pèlerinage. La ville est le centre du commerce du vin de la Rioja. Les églises, à savoir les principaux monuments sont assez regroupés.

http://centrodelaculturadelrioja.es/files/uploads/pdf/plano-turistico-logrono.pdf

Quand vous entrez dans la ville, à la Rúa Vieja, le premier monument que vous verrez est l’ermitage de San Gregorio. Il y avait ici un ermitage du XVIIème siècle, construit sur la maison où mourut le saint. Ce dernier est connu pour avoir fait le chemin avec un autre saint très connu dans le pays, Santo Domingo de la Calazada, chez lequel passe plus loin le chemin. En 1994, on démolit l’ermitage et on le reconstruisit avec les pierres originales.

A deux pas, se trouve l’église Santa María del Palacio, qui se nomme ainsi car elle fut érigée sur la base d’un palais donné par le roi de Castille. On l’appelle aussi “ La Aguja” (la flèche). C’est une église du XIème siècle, reconstruite au XIIème siècle, puis agrandie au XVIème siècle.

A l’intérieur, on balance entre le gothique et le baroque, sans unité profonde.
Logroño, c’est une succession de petites ruelles charmantes qui se coupent les unes les autres, et une artère plus centrale, la Calle Portales, avec les magasins et la cathédrale. Par de petites rues, vous arriverez vite à la cathédrale.
Comme pour toutes les villes de la région, la Castille a dominé longtemps l’histoire du pays. Et quand le roi de Castille attribua à ces cités les privilèges (fueros), avec le développement du Chemin de Compostelle, on construisit des églises, les unes après les autres. Santa Maria la Rotonda était une église romane, mais située dans le faubourg, un peu à l’écart du chemin. Alors, on rasa l’église, jugée trop petite, et on construisit une cathédrale au début du XVIème siècle, une construction qui dura plusieurs siècles. L’église aujourd’hui s’ouvre sur la Plaza del Mercado. Sa façade principale est une forme de voûte, flanquée par deux hautes tours baroques très ornées, les jumelles. Les nefs sont gothiques, mais des adjonctions baroques sont présentes dans tout l’édifice. Autour des murs latéraux se trouvent des chapelles. En 1959, l’ancienne collégiale de Santa María de la Redonda a reçu le titre de concathédrale car, avec la cathédrale de Calahorra et celle de Santo Domingo de la Calzada, elle est le siège du diocèse de Calahorra y La Calzada-Logroño.
Assez paradoxalement pour l’Espagne, pour une cathédrale, c’est un édifice assez sobre, avec des piliers dépouillés et des voûtes qui montent très haut.
Mais, bien sûr, il y a parfois un peu plus d’ors et de bronzes, comme le maître-autel qui brille de mille feux.
Il peut y avoir foule le samedi ou les jours de fête dans la Calle Portales, près de la cathédrale.
A deux pas, la Rúa Vieja aboutit à l’église de Santiago el Real, sur la façade conçue comme un arc de triomphe, dans laquelle s’inscrit une niche représentant Saint Jacques, la première le représentant en pèlerin, la seconde en guerrier à cheval. Cette église est la plus vieille église de la ville. A l’origine romane, elle fut détruite par un incendie. Elle fut donc reconstruite en style gothique au XVIème siècle et on y ajouta une tour. Si vous aimez les ors et les bronzes, vous trouverez votre bonheur à l’intérieur de ce monument classé comme monument historique, sans doute non à cause de son historicité, mais à cause de St Jacques et parce que c’est ici que se réunissait le conseil municipal de jadis. L’édifice est très sombre. Même, la statue de la Virgen de la Esperanza (Vierge de l’Espérance), patronne de Logroño, disparaît dans l’ombre.

A l’époque où nous sommes passés, on préparait les offices de la Semaine Sainte. En Espagne c’est une vraie institution. Malheureusement, la semaine fut pourrie comme jamais. Alors, on a renoncé à exhiber partout en Espagne le patrimoine religieux. On comprend. Les espagnols ont pleuré de vraies larmes. La seconde fois que nous sommes passés par ici, l’église était fermée. Cela arrive bien souvent.

Il vous reste encore une église, qui mérite visite pour son architecture externe. C’est l’église San Bartolomé, la plus authentique. L’église de San Bartolomé est la plus ancienne église de Logroño. Sa construction remonte au XIIème siècle, puis, elle évolua par la suite en style gothique.
Le portail en arc est remarquable, gothique, ogival, soigneusement ornementé, contenant des sculptures romanes qui racontent la vie de saint Barthélemy et d’autres passages de la Bible.
Il fait bon flâner le jour sur la Calle de San Nicolas ou sur la Calle Portales. Au bout de la rue vers le centre-ville, on passe devant le Parlement de la Rioja, qui ressemble à une grande église vitrée.
Il fait bon flâner le soir dans le quartier de la Calle Laurel. Logroño est célèbre pour son bar pincho. Les pinchos ou pintxos sont le nom des tapas du nord de l’Espagne. Il y a plus de 50 taperias (restaurants à tapas) situés près du centre-ville. Les pincho bars sont regroupés autour de deux rues étroites proches l’une de l’autre dans la vieille ville : la Calle de Laurel, connue sous le nom de “sentier des éléphants”, et la Calle San Juan.

Dans le Casco antiguo, peuvent apparaître à tout moment des choses insolites, comme la cheminée d’une usine tabac, un cow-boy ou une statue d’un autre temps.

Logements

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