Meseta, trois syllabes qui évoquent le désert
DIDIER HEUMANN, ANDREAS PAPASAVVAS

Nous avons divisé l’itinéraire en plusieurs sections, pour faciliter la visibilité. Pour chaque tronçon, les cartes donnent l’itinéraire, les pentes trouvées sur l’itinéraire et l’état du Camino. Les itinéraires ont été conçus sur la plateforme “Wikilocs”. Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’avoir des cartes détaillées dans votre poche ou votre sac. Si vous avez un téléphone mobile ou une tablette, vous pouvez facilement suivre l’itinéraire en direct.
Pour ce parcours, voici le lien :
https://fr.wikiloc.com/itineraires-randonnee/de-burgos-a-hornillos-del-camino-par-le-camino-frances-33833994
Ce n’est évidemment pas le cas pour tous les pèlerins d’être à l’aise avec la lecture des GPS et des cheminements sur un portable, et il y a encore en Europe de nombreux endroits sans connexion Internet. De ce fait, vous pouvez trouver sur Amazon un livre qui traite de ce parcours. Cliquez sur le titre du livre pour ouvrir Amazon.
Si vous ne voulez que consulter les logements de l’étape, allez directement au bas de la page.
Pour de nombreux pèlerins, c’est à Burgos qu’on entre dans la Meseta. Certains prennent même la décision de gagner directement León par bus ou par train, de court-circuiter un parcours redouté qu’on leur a dépeint, comme une autoroute de l‘ennui, sans distraction, sans arbres. Et pourtant, il y a déjà quelques étapes qu’ils sont entrés tête basse dans la Meseta, depuis l’entrée en Castille.
Mais qu’est-ce au juste la Meseta ? La Meseta centrale est l’unité de relief la plus ancienne d’Espagne, dont elle occupe la plus grande partie de la superficie. Son origine remonte à l’ère primaire qui s’étend de 550 à 250 millions d’années, quand apparurent les poissons, lorsque de nombreuses plaques se sont heurtées en y créant des montagnes. Puis, le massif fut aplani par érosion durant l’ère secondaire, ou l’ère des reptiles et des dinosaures, entre 250 et 65 millions d’années. Ce fut alors une grande pénéplaine, qui bougea encore durant les ères tertiaire et quaternaire, de 65 millions d’années à nous jours. La formation des Alpes, l’érosion et les sédiments marins du quaternaire donnèrent le relief actuel. La formation des Alpes altéra aussi les rebords de la Meseta, provoquant l’apparition du Massif galicien et des montagnes du León à l’ouest, de la Cordillère cantabrique au nord, du Système ibérique à l’est et de la Sierra Morena au sud. L’Espagne est donc comme une grande forteresse entourée de montagnes. On ne le sait généralement pas, mais l’Espagne est le deuxième pays le plus montagneux d’Europe, après la Suisse.
La Meseta, dite Meseta Central, se divise en deux parties séparées par le Système central. La Submeseta Norte, la Meseta du Nord, se trouve à une altitude moyenne de 700 à 800 mètres, s’articulant autour de la grande rivière du Duero. La Submeseta Sur, au sud, est un peu plus basse, avec le Tage comme axe. Le Chemin de Compostelle se déroule uniquement dans la Meseta nord. (https://www.entrecumbres.com/sistemas-montanosos/meseta-central/)

Comme le départ est à l’ère primaire, les roches sont donc surtout des roches granitiques, des gneiss, des schistes, des quartzites. Puis, la sédimentation marine a apporté son lot de calcaires, de marnes et d’argile. Vous aurez donc des roches et des sols souvent contrastés. Le processus de sédimentation est plus avancé sur le côté oriental de la Meseta, les matériaux durs et cristallins originel étant plus apparents sur le côté occidental.
Alors, enfonçons-nous encore plus dans cette Meseta, où certains diront objectivement qu’avec un champ sans fin à droite, puis un autre tout aussi semblable à gauche, ce n’est tout de même pas le bonheur qu’ils ont espéré en avançant un peu plus vers Santiago.
Difficulté du parcours : Aujourd’hui, les dénivelés (+105 mètres/-146 mètres) sont insignifiants. C’est de la balade à plat, avec juste une légère bosse avant d’arriver. Mais, bien sûr, si on fait ce trajet sous la pluie, ce n’est pas la même histoire.

Dans cette étape, la grande partie du trajet se passe encore sur les chemins. En Espagne, en dehors des villages et des villes, les routes goudronnées, pour la grande majorité, comportent des bandes herbeuses ou de terre sur les bas-côtés. Ainsi, le Camino francés est avant tout un vrai chemin, si on le compare aux autres chemins de Compostelle en Europe, où les parcours ne sont qu’à moitié sur les chemins :
- Goudron : 7.0 km
- Chemins : 13.4 km
Nous avons fait le parcours jusqu’à León d’une traite, dans un printemps froid et pluvieux. Dès lors, de nombreuses étapes ont été faites sur un sol détrempé, le plus souvent dans la boue collante.
Il est très difficile de spécifier avec certitude les pentes des itinéraires, quel que soit le système que vous utilisez.
Pour les “vrais dénivelés”, relisez la notice sur le kilométrage sur la page d’accueil.
Voici un exemple de ce que vous trouverez. Il suffit de prendre en compte la couleur pour comprendre ce qu’elle signifie. Les couleurs claires (bleu et vert) indiquent des pentes modestes de moins de 10%. Les couleurs vives (rouge et brun foncé) présentent des pentes abruptes, le brun dépassant 15%. Les pentes les plus sévères, supérieures à 20-25%, très rarement plus, sont marquées de noir.

Section 1 : Il faut quitter la ville.

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

Ce matin, la pluie menace sur Burgos et la ville est vide. Les seules personnes que l’on rencontre au petit matin sont les éboueurs et les pèlerins. Il va pleuvoir, c’est écrit. |
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Pas un seul touriste ni même un chat ne troublent la sérénité de la belle cathédrale. |
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Burgos ne possède pas que des arcs issus des fortifications comme le célèbre arc de Santa Maria. Celui-ci, à deux pas de la cathédrale, est un petit arc de triomphe, bâti au XVIème siècle, méconnu des touristes. Seuls les pèlerins et les touristes qui logent dans un hôtel de luxe voisin, passent par ici. L’arc de triomphe rend homme à Fernán González, le comte local qui au Xème siècle possédait près de 30% de la Castilla y León actuelle, un homme encore plus célèbre que le Cid.

Le Camino gagne bientôt une partie des fortifications, au niveau de la porte San Martin, une porte d’accès à la ville, construite au XIVème siècle et qui faisait partie des défenses de la ville. |
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Extramuros, on trouve la paroisse de San Pedro de la Fuente, une des plus anciennes paroisses de la ville. Elle doit son nom à la présence autrefois d’une source d’eau salée. La paroisse date du Xème siècle, mais l’église originelle ainsi que les successives furent détruites au cours des siècles. Celle-ci date du début su XIXème siècle. Tout à côté, se trouve un hospice de bénédictines, actives dans l’éducation de enfants. |
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Peu après, le Camino quitte le quartier vieillot de San Pedro pour une banlieue plus récente. Il commence à pleuviner et la température est fraîche. |
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Ici, on croise encore une de ces statues en bronze qui font le charme de la ville. Ces statues à taille humaine représentant toujours des personnages, accessibles et familiers. Elles se sont multipliées depuis une vingtaine d’années dans de nombreuses villes, dont Burgos. Ici, le Camino se rapproche pas à pas de la rivière Arlanzón, qu’il franchit sur un pont. |
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La rivière coule, tranquille, sous les grands peupliers noirs.

De l’autre côté du pont, on retrouve la familière N-120. |
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Le Camino s’en va alors, sur des pavés serrés, sous les grands peupliers noirs, entre le parc del Parral et la N-120. La pluie se fait de plus en plus forte et de gros nuages noirs barrent l’horizon. |
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Au bout du parc, se situe l’Hospital del Rey, un ancien hôpital pour les pèlerins du Moyen-âge, datant de la fin du XIIème siècle, transformé au cours des siècles. Aujourd’hui, certains bâtiments font partie de l‘université de Burgos. Tout à côté, on trouve un gîte de pèlerins. |
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Du gîte sortent les pèlerins, armés à affronter encore une journée sous la pluie.

La banlieue se perpétue encore un peu le long de la N-120, entre les zones résidentielles de la Fabril Sedera et Bakimet, passe devant l’église de Nuestra Señora del Pillar. |
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Nous arrivons à l’extrémité de la ville, et alors le Camino reprend ses droits, redevient chemin de terre. Et comme pour fêter le passage, la pluie devient torrentielle. Partout, les pèlerins s’affairent à ajuster leur matériel de pluie, pour pouvoir conserver quelque chose de sec à la fin de l’étape. |
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Section 2 : Le Camino se rapproche des autoroutes.

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

Sous la pluie battante, les pèlerins se recroquevillent sous leur cape, avancent sans piper mot sur le large chemin de gravier gorgé d’eau, pas très loin de la rivière. Nous sommes entrés de plein pied dans la Meseta. Au début, le paysage hésite entre prés, cultures et lande, mais on ne voit pas grand-chose sous les gouttes d’eau qui perlent des pèlerines nouées.
Sur cette longue route de terre battue de plusieurs kilomètres, on se doit d’utiliser sa caméra en portion congrue. |
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Un peu plus loin, la route de terre croise, du côté de Bañada del-Real, une route goudronnée, puis continue aussitôt à travers champs. Le vent qui souffle en rafales du sud-ouest, fait gonfler les pèlerines. |
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La route de terre, aujourd’hui inondée, passe sous la voie de chemin de fer. Ici, ce sont souvent de petites lignes utilisées pour le ferroutage. Un peu plus loin encore, elle se dirige vers le nœud autoroutier. |
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Le gros de l’ondée est maintenant tombé, et on aperçoit même des lambeaux de ciel bleu. Le chemin se rapproche de plus en plus des autoroutes, passe dessus un pont pour éviter une route départementale. |
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Section 3 : En passant par un complexe nœud de routes et d’autoroutes.

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans aucune difficulté.

Plus loin, le chemin fait un détour dans les blés pour arriver au croisement des autoroutes. Sur la droite part l’autoroute qui va vers León, L’Autovia del Camino de Santiago, l’Autoroute des Pèlerins. Sur la gauche, c’est le grand axe de l’autoroute qui descend du nord vers Valladolid, puis Madrid. |
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Le chemin joue un peu avec le réseau autoroutier et se dirige vers l’autoroute qui va vers León. |
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Il passe sous les piles de l’autoroute et retrouve l’Arlanzón qui gambade entre les prés et les peupliers noirs. |
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Le chemin traverse alors la N-120 et se dirige vers la rivière. |
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Peu après, le chemin de terre traverse l’Arlanzón et monte doucement le long de la N-120, que l’on ne quittera que rarement des yeux dans toutes ces étapes. |
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Sur la terre aujourd’hui détrempée, le chemin monte progressivement entre les champs et la route vers le village de Tardajos. Maintenant, la pluie a cessé et nous laissera peut-être saufs jusqu’à la fin de l’étape. Le pèlerin vit souvent d’espoir. |
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Le Camino arrive sur le goudron au village. Le village, d’origine romaine, était situé autrefois sur une voie romaine. Le village était mentionné dans le Codex Calixtinus. |
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Sur le Camino francés, tous les villages, les plus développés comme les plus pauvres, possèdent tous au moins une “albergue” pour les pèlerins ou un restaurant. Ici, en Espagne, contrairement à la France, ce n’est pas la boulangerie qui est présente, c’est plutôt la charcuterie. |
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A l’entrée du village, on rend hommage à un prêtre local. |
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Le Camino traverse un village assez pauvre, avec des maisons simples, souvent faites de simples briques. Mais ce village, comme les autres possède son église. Dans un pays très catholique, où les gens vont encore à la messe, la statistique ne dit pas si les églises sont encore toutes ouvertes le dimanche. Peut-être que oui. |
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A la sortie du village, le Camino s’en va sur le goudron, mais il y a presque toujours moyen de marcher sur la terre au bord de la route. |
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Devant vous se dresse une petite colline au-dessus de la plaine cultivée. |
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Peu après, la route traverse le Rio Urbal, dissimulé sous les peupliers noirs. Les rivières, assez importantes, sont présentes en assez grande proportion dans la Meseta. Dans un pays qui ressemble à un désert en été et en automne, on comprend que toute cette eau au printemps est très utile pour les cultures. |
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La route, qui ne monte guère, passe sous une petite colline et gagne progressivement les premières maisons de Rabé de las Calzadas. |
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Section 4 : Une petite montée dans la nature, juste pour se dérouiller un peu.

Aperçu général des difficultés du parcours : montée en pente légère.

La route passe bientôt à Rabé de las Calzadas. Calzadas veut dire chaussées, indiquant par là-même que le village est depuis fort longtemps un jalon sur le chemin, depuis Santo Domingo de la Calazada. Le village n’a pas toujours été appelé ainsi. Le nom est d’origine inconnue, bien qu’il existe plusieurs théories. Certains disent qu’il pourrait venir de rabbi, qui dans le judaïsme signifie enseignant, du fait qu’il y avait une colonie juive dans le village avant l’expulsion des Maures d’Espagne. D’autres font encore d’autres hypothèses. Rabé pourrait être le nom d’une personne importante qui a vécu ici. La première utilisation du nom de Rabé remonte au Xème siècle, mais à cette époque il n’apparaissait pas avec le suffixe “de las Calzadas”. Ceci aurait été ajouté par la suite, car jadis plusieurs routes romaines passaient par ici. De vieux documents indiquent que le village médiéval était défendu par un château et possédait trois églises. Aucune trace n’en reste aujourd’hui. Cependant, l’église de Santa Mariña du XIIIe siècle a peut-être été construite sur l’une des églises primitives. Le château a protégé les habitants de la ville pendant la Reconquista, mais a été complètement détruit au XVIème siècle. |
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C’est un joli petit village compact, avec ses maisons de pierre, au pied de la colline. L’hôpital de Peregrinos Santa Mariña y Santiago a été construit au XVIIème siècle. Depuis 2000, il a été restauré en “albergue”. Il faut dire que de nombreux pèlerins séjournent ici ou à Tarjados. Il n’est qu’à considérer le nombre de lits disponibles dans ces villages. Certes, le gros bataillon fait halte d’usage dans les plus gros bourgs, mais avec cette manière de faire, il y a parfois plus de difficulté à trouver à se loger. |
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L’Église Santa Mariña du XIIIe siècle, fermée comme on en a pris l’habitude, a été très transformée, mais conserve un portail gothique du XIIIe siècle. |
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Le Camino quitte le haut du village passant devant un bijou de chapelle. C’est l’ermitage de Nuestra Señora de Monasterio, de style Renaissance, datant du XVIIème siècle, restauré au XXème siècle. Son nom vient d’une image de la Vierge trouvée dans le lieudit Monasterio. Quand on passe par ces petits villages, qui paraissent si insignifiants de nos jours, on a de la peine à s’imaginer ce qu’ils devaient représenter au Moyen-âge lors des grands pèlerinages. Ici, en plus de églises disparues, il y avait aussi 4 ermitages. Rien que cela ! Les ermitages San Roque, Santa Anna et Baudillo disparurent au XVIIIème siècle. Un seul est resté.
Mais au niveau des infrastructures, tout est bien dans le meilleur des mondes. Ici, un panneau annonce que l’Europe va encore investir pour améliorer le chemin. Ce sera peut-être un jour une autoroute. Les discussions vont bon train parmi les anciens qui ont fait le chemin il y a plus d’une dizaine d’années. Tous disent, et avec raison parfois, que le Camino a perdu de son âme d’antan. |
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Le chemin va monter sur la colline dès la sortie du village. C’est le seul effort demandé aux pèlerins de la journée. Mais rassurez-vous. C’est près de 5 kilomètres de montée, mais la pente n’excède jamais les 10%. Bien que l’Espagne soit le deuxième pays le plus montagneux d’Europe, environ 40 % du pays est constitué de la Meseta, se rangeant entre 400 m et 1000 m d’altitude. Une grande partie de celle-ci se trouve en Castilla y León et ne s’achèvera pour nous que lorsque nous aurons rejoint le Bierzo, bien plus loin. |
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Ici, c’est la Meseta, dans sa belle et vaste solitude. Pas d’arbre ou presque. Rien que des champs de céréales à perte de vue, des blés pour la plupart, d’autres encore recouverts d’engrais vert. Avec le temps froid et pluvieux qui règne ici cette année au printemps, les blés n’ont pas poussé avec vigueur. La Meseta est en grande partie dépourvue d’arbres et balayée par le vent et est extrêmement chaude en été. |
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Le chemin est large à souhait, peu encombré de pierres, ce qui est assez rare dans la région, dodelinant sur la colline. Le Camino francés avance toujours de concert avec la Voie 1 européenne qui traverse la Castille pour aller au Portugal. |
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Puis, des pas derrière nous, qui vont en s’accélérant. C’est un espagnol qui promène son jeune berger allemand. Il fait comme il dit une petite “caminata”, plus de 15 kilomètres chaque jour, aller et retour sur le chemin. Le couple avance à la vitesse du son et rapidement s’évanouit dans la colline. |
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Un peu plus haut, un bouquet de peuplier noirs, le seul de la colline, où est aménagée une place de pique-nique sous les arbres. |
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Il est fort à parier que ce refuge doit être pris d’assaut par les pèlerins en saison, lorsque la Meseta se transforme en chaud désert pelé.

Mais au printemps, la Meseta n’est qu’un gigantesque désert vert, sans fin, étonnant, démesuré et hors du commun. Aujourd’hui, avec les pluies incessantes, c’est souvent la boue qui colle aux chaussures. |
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Section 5 : Du sommet de la colline, le chemin redescend sur Hornillos del Camino.

Aperçu général des difficultés du parcours : parcours sans grande difficulté, avec un peu de pente.

Nous ne sommes pas encore au sommet de la colline. Parfois, aujourd’hui, le chemin est un peu plus détrempé. Les champs aussi. Dans les terres où réside l’engrais vert, il faudra attendre que le sol s’assèche avant de labourer, pour planter peut-être du maïs, qui se plante souvent en dernier. |
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Plus haut, le chemin gagne l’Alto de Meseta, à 950 mètres d’altitude. Ici, c’est une sorte de petit plateau où la pente se fait de plus en plus douce. Parfois, près des tas de cailloux qu’ont formés les paysans en épierrant leurs champs, poussent les genêts et les cyprès sauvages, ou encore du colza qui au gré des vents est venu s’implanter ici. |
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Peu après, le paysage s’ouvre, grandiose, infini de solitude. Transposez-vous au Moyen-âge et imaginez le défilé des pèlerins dans ces espaces de vent et de solitude. On estime que les populations en Europe, durant cette période, ont dû osciller entre 20 millions et 100 millions, en fonction de la peste et des épidémies. Comme on estime que plus d’un million faisait le pèlerinage par an, ce devait être une file ininterrompue par ici. Plus de 1-2% de la population, c’est inouï de réaliser la ferveur catholique de l’époque. |
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Le chemin va bientôt descendre sur Hornillos del Camino, dans la plaine en dessous. D’ici, on voit les grands hangars où sont rangés les infrastructures agricoles. Comme partout dans cette région, aucune ferme ne vient troubler les grands espaces. Les paysans habitent tous dans les villages, jamais en dehors. |
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Le chemin, devenu un peu plus caillouteux, descend, assez sec au début, à près de 15% d’inclinaison. Ici, un paysan, avec son véhicule 4×4, va sans doute inspecter ses champs pour estimer le travail à faire dans la terre inondée. |
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Plus bas, la pente se fait douce. Ici, un coréen se livre peut-être à des incantations pour réclamer le soleil, ou alors à de simples petits exercices d’assouplissement des épaules. |
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Voilà notre sportif de tout à l’heure sur le chemin du retour avec son chien. |
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Le Camino arrive alors à Hornillos del Camino. |
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Il traverse le Rio Hormazuela, où à consulter les jauges, le niveau d’eau peut parfois s’élever. |
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Le village est tout en longueur, avec ses maisons de pierre et son église. Le village est l’un des exemples les plus remarquables d’un pueblo calle (village-rue), avec une seule rue. Il n’y a pas grand-chose à faire ici, si ce n’est passer la nuit à l’auberge. Certains pèlerins iront jusqu’à Hontanas, le village suivant, les plus courageux jusqu’à Castrojeriz. Mais pour y aller, c’est tout de même près de 40 kilomètres depuis Burgos.
Hornillos, c’est moins qu’une centaine d’habitants à l’année, et sans doute que la majorité ne fait que gérer le flux des pèlerins. Le village est documenté pour la première fois au IXème siècle, car la ligne défensive des tours fortifiées de la Castille primitive y passait. Cette ligne de tours, construite pour contenir l’avancée des musulmans, partait de Burgos, passait par Tardajos et Rabé de las Calzadas, et atteignait Castrojeriz. Le village est aussi cité dans le Guide du Pèlerin du Codex Calixtinus. Hornillos veut dire “petits fourneaux”, dans lesquels on cuisait des poteries et des tuiles. Est-ce aussi pour justifier la légende ou la vérité historique que Charlemagne se serait arrêté ici pour faire cuire du pain pour son armée ? Ici aussi, durant le haut Moyen-âge, la cité possédait un monastère, trois hôpitaux. Aujourd’hui, ils ont tous disparu, à l’exception d’une partie de Santo Espiritu. L’église gothique de San Román du XIVème siècle a été construite sur le site d’une ancienne forteresse. L’église est ce qui reste de l’ancienne chapelle du monastère. |
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Logements




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Etape suivante : Etape14: De Hornillas del Camino à Castrojeriz |
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